Je suis particulièrement sensible à l’enjeu des dons alimentaires. Dans cet article, je souhaite partager avec vous mes réflexions sur ce sujet, fruit de mes recherches et de mes rencontres avec les acteurs du secteur. Les dons alimentaires représentent en effet une solution concrète pour lutter contre le gaspillage tout en venant en aide aux personnes dans le besoin. Un double impact positif qui mérite qu’on s’y attarde !
Le gaspillage alimentaire, un fléau à combattre
Avant d’entrer dans le vif du sujet, il me semble important de rappeler quelques chiffres clés sur le gaspillage alimentaire. En France, ce sont près de 10 millions de tonnes de nourriture qui sont jetées chaque année, soit l’équivalent de 150 kg par personne. Un véritable scandale quand on sait que dans le même temps, 8 millions de Français vivent sous le seuil de pauvreté et ont du mal à se nourrir correctement.
Face à ce constat alarmant, la lutte contre le gaspillage est devenue un enjeu majeur ces dernières années. Les pouvoirs publics se sont saisis du sujet, avec notamment le vote de la loi Garot en 2016 qui interdit aux grandes surfaces de jeter leurs invendus alimentaires et les oblige à les donner à des associations. Mais au-delà des contraintes légales, c’est un véritable changement de mentalités qui est en train de s’opérer, du côté des professionnels comme des particuliers.
Les dons, une solution gagnant-gagnant
Dans ce contexte, les dons alimentaires apparaissent comme une solution particulièrement pertinente. Donner ses invendus ou ses surplus, c’est éviter de gaspiller tout en faisant une bonne action. Une démarche vertueuse qui profite à tous :
- Pour les donateurs (entreprises agro-alimentaires, grande distribution, restauration, particuliers…), c’est l’assurance de valoriser des produits qui auraient fini à la poubelle, tout en bénéficiant d’avantages fiscaux.
- Pour les associations qui collectent et redistribuent ces dons, c’est un approvisionnement régulier en denrées pour aider les plus démunis.
- Pour les bénéficiaires, c’est l’opportunité d’avoir accès à une alimentation variée et de qualité, ce qui est essentiel quand on vit dans la précarité.
- Et pour la planète, on limite le gâchis de ressources naturelles et la pollution liée à la destruction des déchets alimentaires.
Un cadre légal favorable
Depuis quelques années, les pouvoirs publics ont mis en place un cadre légal incitatif pour favoriser les dons alimentaires. Je pense bien sûr à la loi Garot de 2016 déjà évoquée, mais aussi à la loi AGEC de 2020 qui étend ces obligations de don aux produits non alimentaires. L’idée est d’encourager un maximum d’acteurs à s’engager dans cette démarche.
Parmi les principales mesures, on peut citer :
- L’obligation pour les grandes surfaces de plus de 400 m2 de donner leurs invendus à des associations habilitées, via des conventions de dons signées avec elles.
- Des avantages fiscaux renforcés pour les entreprises qui donnent, avec une réduction d’impôt jusqu’à 60% de la valeur des dons.
- La possibilité pour les industriels et les agriculteurs de bénéficier aussi de ces avantages, alors qu’ils en étaient exclus auparavant.
- L’assouplissement des règles sanitaires pour faciliter les dons, comme la possibilité de donner des produits dépassant leur Date de Durabilité Minimale (DDM).
Des initiatives innovantes
Au-delà du cadre légal, je suis toujours impressionné par la créativité et l’engagement dont font preuve les acteurs sur le terrain pour optimiser les dons. Lors de mes reportages, j’ai pu découvrir de nombreuses initiatives innovantes qui méritent d’être mises en lumière.
Je pense par exemple à ces applications anti-gaspi qui mettent en relation des commerçants avec des associations ou des particuliers pour qu’ils récupèrent leurs invendus du jour. C’est le cas de Too Good To Go, phénomène mondial avec ses 45 millions d’utilisateurs, ou de Phenix qui travaille avec 10 000 partenaires en France.
Il y a aussi ces épiceries solidaires qui proposent des produits à prix réduits aux personnes en difficulté, s’approvisionnant en grande partie grâce aux dons. L’ANDES en compte plus de 400 dans son réseau aujourd’hui, démontrant le succès du concept.
Ou encore le développement du mécénat de compétences, qui permet à des salariés d’entreprises d’être mis à disposition d’associations pendant leur temps de travail. Les Banques Alimentaires, qui collectent et redistribuent 280 millions de repas par an, font régulièrement appel à ce type de bénévoles experts.
Un enjeu clé : la qualité des dons
Si les volumes de dons augmentent, un enjeu majeur demeure : celui de la qualité des produits collectés. Car donner ne doit pas être une façon de se débarrasser de ses déchets. Les personnes aidées ont droit, comme tout le monde, à une alimentation saine et variée.
Sur ce point, beaucoup de progrès ont été faits ces dernières années, grâce à une meilleure sensibilisation des donateurs. Les grandes surfaces font plus attention à ce qu’elles donnent, en triant mieux leurs produits et en les stockant dans de bonnes conditions avant le passage des associations. Certaines ont même mis en place des « zones de don » dédiées dans leurs magasins.
Mais il reste encore des efforts à faire, notamment auprès des plus petits commerces ou sur certains produits plus fragiles comme les fruits et légumes. Les associations doivent souvent effectuer un gros travail de tri pour ne garder que ce qui est consommable, ce qui représente un coût non négligeable pour elles.
Vers plus de coopération entre acteurs
Pour améliorer la qualité et la quantité des dons, je suis convaincu qu’il faut renforcer les coopérations entre tous les acteurs concernés : donateurs, associations, pouvoirs publics, mais aussi citoyens. C’est en unissant nos forces que nous pourrons avoir un impact significatif.
Cela passe par des partenariats renforcés entre les entreprises et le secteur associatif, pour mieux définir les besoins et organiser les collectes. Par une meilleure coordination des interventions sur les territoires, pour éviter les doublons et toucher davantage de bénéficiaires. Par une sensibilisation accrue du grand public, à travers des campagnes de communication et des événements grand public comme la Collecte Nationale des Banques Alimentaires chaque dernier week-end de novembre.
L’État a aussi un rôle clé à jouer pour impulser cette dynamique collaborative. C’est le sens du nouveau « Plan de lutte contre la précarité alimentaire » présenté par le gouvernement en 2021, qui prévoit par exemple la création d’un fonds pour soutenir les associations ou le lancement d’une plateforme numérique de gestion des dons.
Chacun peut agir à son niveau
Au-delà des grands acteurs, je suis persuadé que chaque citoyen peut contribuer à la lutte contre le gaspillage et la précarité alimentaire. Que ce soit en donnant à des associations, en limitant le gaspillage à la maison, en sensibilisant son entourage… Les petits ruisseaux font les grandes rivières !
De plus en plus de particuliers s’engagent d’ailleurs dans cette voie. Près d’un Français sur deux a fait un don alimentaire au cours des 12 derniers mois, selon un sondage Ifop pour les Banques Alimentaires. Et ils sont de plus en plus nombreux à donner régulièrement, pas seulement pendant la période de Noël.
À titre personnel, j’essaie moi aussi d’apporter ma pierre à l’édifice. En plus de relayer ces sujets dans mes articles, je participe chaque année à la Collecte Nationale, et je fais des dons ponctuels à des associations quand j’en ai l’occasion. C’est une façon concrète de m’engager en faveur d’une société plus solidaire et durable.
Un combat de longue haleine
Pour conclure, la lutte contre la précarité et le gaspillage alimentaires est un combat de longue haleine qui nécessite l’implication de tous. Même si beaucoup a été fait, il reste encore du chemin à parcourir pour construire un modèle où la nourriture ne serait plus gâchée et où chacun aurait accès à une alimentation de qualité.
Les dons alimentaires sont un maillon essentiel de cette chaîne de solidarité. En donnant, on agit concrètement pour aider les plus fragiles tout en réduisant notre impact sur l’environnement. C’est une démarche positive et responsable, qui fait sens dans le monde d’aujourd’hui.
Alors n’hésitons pas à nous mobiliser, chacun à notre échelle, pour faire vivre ce bel élan et montrer qu’un autre modèle est possible. Ensemble, nous pouvons changer les choses et construire une société plus juste et durable. Les générations futures nous en seront reconnaissantes !