Le chat est l’un des animaux de compagnie les plus appréciés des Français. Sa popularité ne se dément pas, et nombreux sont ceux qui partagent leur vie avec un ou plusieurs félins. Si le caractère indépendant et les ronrons du chat sont loués par ses fans, sa vision intrigante l’est tout autant.
En effet, la façon dont le chat perçoit le monde nous est familière et étrangère à la fois. Nous savons que nos amis à quatre pattes y voient mieux que nous la nuit, et suivent facilement du regard tout objet en mouvement. Mais comprennent-ils réellement ce qu’ils observent ? Qu’est-ce qui différencie notre vision de la leur ?
Cet article vous permettra de mieux comprendre le fonctionnement de l’œil de votre matou, sa perception des couleurs, sa vision nocturne très développée et son large champ de vision. Nous verrons ensemble les différences fondamentales avec notre propre vision, ce que voit un chat au quotidien, et comment son environnement et son mode de vie influent sur sa façon de percevoir le monde. Préparez-vous à en savoir plus sur vos compagnons à quatre pattes et leur étonnante vision !
Comprendre le fonctionnement de la vision
Avant de rentrer dans le détail de la vision féline, attardons-nous quelques instants sur le fonctionnement global de la vision. Que ce soit chez l’humain ou l’animal, l’œil et le cerveau collaborent étroitement pour nous permettre d’avoir une représentation visuelle du monde qui nous entoure.
Rôle de l’œil et de la rétine
La lumière pénètre dans notre œil par la pupille, qui peut se dilater ou se contracter pour laisser passer plus ou moins de luminosité. Elle traverse ensuite le cristallin, qui va focaliser les rayons lumineux sur la rétine, située au fond de l’œil.
La rétine joue un rôle capital, car c’est là que se forme l’image que nous percevons. Constituée de millions de cellules photosensibles, elle transforme le signal lumineux en influx nerveux transmis au cerveau via le nerf optique. Parmi ces cellules rétiniennes, on distingue :
- Les cônes : sensitifs aux couleurs, ils fonctionnent en vision diurne
- Les bâtonnets : sensitifs à la lumière, ils fonctionnent de jour comme de nuit
Traitement de l’information visuelle par le cerveau
Une fois au cerveau, les influx nerveux sont assemblés pour reconstruire une image cohérente. Le cerveau analyse ensuite cette information de manière extrêmement complexe pour en extraire un sens et une compréhension.
C’est cette alliance entre l’œil et le cerveau qui nous permet réellement de « »voir » ». Et c’est justement au niveau du traitement cérébral que réside la principale différence entre vision humaine et féline.
Le chat ne perçoit pas les images comme nous
Maintenant que nous avons brièvement survolé les mécanismes de la vision, attardons-nous sur ce qui distingue la nôtre de celle de nos amis les chats.
Une même image… perçue différemment !
En réalité, le chat et l’humain ne voient pas la même chose quand ils regardent un même objet ou paysage. En cause ? La façon dont leur cerveau respectif traite l’information visuelle.
Chez l’humain, une large partie du cortex cérébral est dédiée à l’analyse visuelle. Notre hémisphère droit se spécialise dans la reconnaissance globale des formes, tandis que l’hémisphère gauche excelle dans l’analyse détaillée.
Chez le chat, le traitement de l’image est beaucoup plus rudimentaire et global. Son interprétation visuelle se limite à une reconnaissance basique de formes et de mouvements. Bien qu’intelligents, nos amis félins sont incapables d’analyser une image dans ses moindres détails.
Le chat ne se reconnaît pas dans un miroir
Cette différence fondamentale de traitement visuel a été brillamment mise en lumière par le teste du miroir. Dans cette expérience scientifique, on place un miroir devant un animal pour tester sa capacité à se reconnaître.
Face au miroir, l’humain est immédiatement capable de s’identifier. En revanche, le chat ne se reconnaît pas : il croit avoir affaire à un autre chat ! Incapable de faire le lien entre son reflet et sa propre personne, il ne possède donc pas de réelle conscience de lui-même.
Comment le chat nous perçoit
Maintenant que nous en savons plus sur leur vision, intéressons-nous à la représentation que nos amis à quatre pattes se font de nous !
Nous sommes des chats pour eux !
Selon les travaux du docteur Bradshaw, qui a étudié le comportement félin pendant 25 ans, les chats ne font pas la distinction entre eux et nous. Pour eux, nous sommes simplement des chats plus grands et plus maladroits !
C’est pourquoi, lorsque votre matou vous aperçoit, il peut relever la queue et la faire bouger de gauche à droite, comme il le ferait face à un autre chat. Il s’agit d’un comportement de communication féline typique.
Reconnaissance par l’odeur et la voix
Incapables de nous identifier visuellement, les chats utilisent principalement leur odorat pour reconnaître leurs maîtres. Ils repèrent notre odeur corporelle grâce à leur excellente mémoire olfactive.
L’autre moyen de reconnaissance est notre voix. Des études ont montré que les chats réagissaient tout particulièrement à l’entente de la voix de leur propriétaire. Alors oui, même s’il fait parfois la sourde oreille, votre chat sait très bien qui vous êtes !
Une perception des couleurs très limitée
La vision humaine est trichromatique, ce qui signifie que nos yeux possèdent trois types de cônes capables de distinguer le rouge, le bleu et le vert. Grâce à eux, nous pouvons percevoir des millions de nuances de couleurs.
Chez le chat, la vision est dichromatique : il ne possède que deux types de cônes, sensibles au bleu et au vert. Nos amis sont donc incapables de percevoir le rouge et toutes les couleurs chaudes dérivées !
Une vision proche de celle des daltoniens
Concrètement, cette vision dichromatique signifie que les chats sont en quelque sorte… daltoniens ! À l’instar des personnes atteintes de cette affection génétique, ils confondent certaines couleurs et en voient beaucoup moins que nous.
Ainsi, le rouge leur apparaît gris, marron ou jaunâtre. Le vert se fond avec le rouge ou le marron. Quant au bleu et au violet, ils sont perçus comme plus clairs que ce que nous voyons.
Moins de contraste et de nuances
Outre l’incapacité à distinguer le rouge, cette vision en deux dimensions se traduit par :
- Une perception des couleurs moins contrastée
- Des nuances moins subtiles, tirant vers le pastel
Heureusement, ce handicap visuel est largement compensé par d’autres atouts, comme nous le verrons par la suite.
Excellente vision nocturne
Si votre chat se joue des obstacles les plus infimes même dans l’obscurité la plus totale, ce n’est pas un hasard. Nos amis félins bénéficient en effet d’une vision crépusculaire et nocturne exceptionnelle.
Des yeux parfaitement adaptés à la pénombre
Contrairement à une idée reçue, le chat ne voit pas dans le noir complet. Il lui faut toujours une source de lumière, même très faible. Cela dit, grâce à des mécanismes très efficaces, son œil capte la moindre parcelle de luminosité :
- Pupille extrêmement dilatable pour laisser entrer un maximum de lumière
- Rétine bardée de bâtonnets pour capter les photons
- Membrane tapis lumineux pour réfléchir la lumière
Résultat : une vision de nuit entre 6 à 8 fois plus performante que la nôtre ! De quoi repérer sans peine les moindres mouvements et formes dans l’obscurité.
Vision des couleurs impossible la nuit
Puisque ce sont les cônes qui permettent de distinguer les couleurs, et que ceux-ci ne fonctionnent pas lorsqu’il fait sombre, les chats ne perçoivent que des nuances de gris après le coucher du soleil.
Heureusement, entre leur odorat très développé et leur excellente vision des contrasts lumineux, ils n’ont pas besoin des couleurs pour appréhender correctement leur environnement nocturne !
Un large champ de vision
Alors que notre champ de vision est limité à 180° par nos orbites oculaires, celui du chat s’étend à pas moins de 260° ! Une adaptation parfaite pour un prédateur qui doit garder un œil sur les alentours.
Une vision panoramique impressionnante
Concrètement, le chat bénéficie d’un angle de vision globale de 260°. Au sein de cet arc de cercle très large, sa vision centrale couvre 130°. Elle est complétée par deux visions périphériques de 65° chacune.
Grâce à ce véritable radar panoramique, il est quasiment impossible de prendre un chat par surprise ! Même s’il regarde droit devant lui, la périphérie de son champ de vision lui permet de surveiller efficacement ce qui se passe sur les côtés.
Une vision centrale plus précise
Bien que très large, le champ de vision félin n’est pas homogène en termes de précision. Seule sa vision centrale est réellement nette, dans un cône d’une trentaine de degrés face à lui. Sur les côtés, l’image perçue est beaucoup plus floue.
Là encore, ce mécanisme est parfaitement adapté au mode de vie du chat. Excellente vision centrale pour chasser ou attraper une proie, et surveillance globale des alentours pour détecter tout danger potentiel.
Importance des mouvements dans la vision féline
Si chat voit un oiseau immobile à quelques mètres de lui, il sera bien en peine de le distinguer, surtout s’il se fonde dans le décor. En revanche, la moindre vibration d’aile déclenchera immédiatement une réaction féline.
En effet, le chat est extrêmement sensible aux mouvements, bien plus que l’humain. Encore une adaptation liée à ses talents de prédateurs…
Un oeil et un cerveau dédiés au repérage des mouvements
Cette hypersensibilité tient à deux facteurs essentiels :
- Des cellules rétiniennes très rapides, capables de transmettre l’information visuelle au cerveau extrêmement vite
- Un traitement cérébral privilégiant la détection des mouvements par rapport aux détails et couleurs
Résultat : tout changement visuel, aussi infime et fugace soit-il, est immédiatement capté et analysé avec une précision redoutable !
Les proies immobiles passent inaperçues
À l’inverse, le chat éprouve les pires difficultés à repérer une proie statique qui se fond dans le paysage, même s’il la fixe du regard. Son interprétation des détails visuels étant limitée, il ne fera pas spontanément le lien entre l’oiseau posé et un élément comestible.
Ce n’est qu’une fois sa proie en mouvement qu’elle activera les puissants reflexes du félin. Prédateur d’embuscade dans l’âme, nos amis à quatre pattes sont ainsi parfaitement adaptés à une stratégie de chasse à l’affût.
L’environnement modifie la vision du chat
Jusqu’à présent, nous avons dressé le portrait type d’un chat et de ses capacités visuelles. Pourtant, selon son mode et son lieu de vie, la vision de votre compagnon à quatre pattes peut varier de façon significative.
Des facultés qui s’adaptent aux conditions de vie
D’après les scientifiques, les chats issus d’un même ancêtre mais vivant dans des conditions différentes développeraient avec le temps des aptitudes visuelles légèrement différentes.
Ainsi, un chat domestique évoluant principalement en intérieur verrait ses talents de prédateur nocturne s’émousser progressivement. À l’inverse, un chat vivant à l’extérieur conserverait intactes toutes les adaptations.