Il n’est pas rare, notamment au printemps, de tomber sur un oisillon apparemment en détresse, tombé de son nid. Notre premier réflexe est souvent de vouloir lui venir en aide. Mais attention, intervenir n’est pas toujours la bonne solution et peut même être néfaste pour le petit oiseau ! Dans cet article, nous allons voir en détail comment réagir face à un oisillon tombé du nid, les bons gestes à avoir et les pièges à éviter pour maximiser ses chances de survie.
Avant toute chose : est-il vraiment en détresse ?
La première chose à faire quand on trouve un oisillon au sol est de déterminer s’il a réellement besoin d’aide. En effet, tous les oisillons trouvés par terre ne sont pas nécessairement tombés du nid ! Il faut différencier deux cas de figure :
- Les oisillons nidicoles qui naissent nus, aveugles et totalement dépendants de leurs parents. S’ils tombent du nid, leur survie est menacée et une intervention est nécessaire.
- Les oisillons nidifuges qui quittent le nid très vite après l’éclosion. Ils sont alors toujours protégés et nourris par leurs parents au sol pendant quelques jours, le temps de développer leur plumage et d’apprendre à voler. Les retrouver hors du nid est donc parfaitement normal.
Pour différencier les deux, observez le plumage et le comportement de l’oisillon :
- Un oisillon nidicole sera peu ou pas emplumé, incapable de se tenir debout ou de sautiller. Il a impérativement besoin d’aide.
- Un oisillon nidifuge aura déjà un plumage fourni (même s’il peut rester quelques touffes de duvet par endroits), il sera vif et mobile. Le mieux est de ne pas intervenir, ses parents sont probablement dans les parages.
En cas de doute, le plus sage est souvent de ne rien faire et d’observer à bonne distance pendant au moins une heure si les parents reviennent s’occuper du petit. Évitez de rester trop près, pour ne pas les effrayer.
Un oisillon est réellement en détresse : que faire ?
Si vous avez établi qu’il s’agit bien d’un oisillon nidicole nécessitant de l’aide, voici la marche à suivre.
1. Le remettre dans son nid
C’est la meilleure chose à faire : replacez délicatement l’oisillon dans son nid si vous arrivez à le localiser et à l’atteindre sans danger (attention aux chutes !).
Contrairement à une idée reçue, les parents ne rejetteront pas le petit à cause de l’odeur humaine. Les oiseaux ont en réalité un odorat peu développé.
2. Lui fabriquer un nid de substitution
Si le nid est inaccessible ou détruit, vous pouvez installer un nid artificiel à proximité :
- Prenez un petit panier ou une boîte en carton, percez quelques trous au fond pour l’écoulement en cas de pluie.
- Garnissez-le de matériaux naturels : mousse, brindilles, herbe sèche, feuilles…
- Placez-y délicatement l’oisillon et installez le nichoir dans un arbre ou un arbuste, le plus près possible de l’emplacement d’origine.
- Éloignez-vous et observez discrètement le retour des parents. S’ils ne reviennent pas après plusieurs heures, l’oisillon devra être pris en charge.
3. Réchauffez-le
Si l’oisillon est resté longtemps au sol, il a probablement froid, ce qui met sa vie en danger. Avant toute chose, il faut le réchauffer doucement :
- Installez-le dans un contenant tapissé de tissus, avec une bouillotte ou une poche de gel tiède (attention, pas brûlant !).
- Placez le tout dans un endroit calme, à l’abri des courants d’air.
- Ne tentez pas de le nourrir tant qu’il n’est pas revigoré.
4. Hydratez-le
La déshydratation est l’autre urgence vitale. Pour réhydrater l’oisillon :
- À l’aide d’une seringue ou d’un compte-gouttes, déposez délicatement des gouttelettes d’eau tiède au coin de son bec.
- Laissez-le boire à son rythme, sans le forcer.
- Vous pouvez aussi lui proposer une bouillie très liquide de aliments spécifiques pour oisillons ou à défaut de jaune d’œuf battu, en petites quantités.
Vérifiez que la peau de l’oisillon devient bien souple et que l’intérieur de son bec est humide. Sinon, poursuivez l’hydratation.
5. Nourrissez-le
Une fois l’oisillon réchauffé et réhydraté, il va falloir assurer son alimentation le temps qu’il soit autonome. Le régime dépend de son espèce :
- Les granivores (bec court et épais) accepteront des mélanges du commerce pour oisillons granivores, des céréales ramollies ou du jaune d’œuf.
- Les insectivores (bec fin) ont besoin d’insectes frais ou de vers de farine écrasés, éventuellement de pâtée pour oisillons insectivores. On peut aussi leur proposer du cœur de bœuf haché.
- En cas de doute sur l’espèce, optez pour des petits morceaux de vers de terre ou de la pâtée pour chat au poulet avec un peu de jaune d’œuf.
Les aliments à proscrire absolument sont le pain et le lait de vache, mortels pour les oiseaux !
Distribuez la nourriture toutes les 30-45 minutes environ, de l’aube jusqu’au crépuscule. Déposez délicatement de petites boulettes à la commissure du bec, sans forcer. Dès qu’il n’en veut plus, arrêtez et attendez le repas suivant.
6. Stimulez son transit
Les très jeunes oisillons ne savent pas encore évacuer seuls leurs fientes. Après chaque repas, massez-lui doucement le bas-ventre avec un coton-tige humide jusqu’à ce qu’il se soulage. Nettoyez son plumage si nécessaire.
7. Préparez sa remise en liberté
Dès que l’oisillon commence à battre des ailes, placez son nid artificiel dehors dans une volière ou une grande cage, à l’abri des prédateurs.
Poursuivez les nourrissages comme précédemment. Habituez-le progressivement aux aliments qu’il trouvera dans la nature : graines, fruits, baies, insectes… de plus en plus entiers.
Une fois qu’il vole et s’alimente seul sans difficulté, il pourra enfin être relâché ! Choisissez un lieu dégagé, loin des routes, et libérez-le tôt le matin par beau temps.
Que faire s’il est trop faible ou blessé ?
Si malgré vos soins l’oisillon reste très faible, apathique, ou s’il présente des blessures, il est préférable de le confier à un centre de sauvegarde de la faune sauvage. Recherchez le plus proche de chez vous et contactez-les pour connaître la marche à suivre.
Chez un vétérinaire volontaire, l’oisillon recevra des soins adaptés et vous serez déchargé d’une tâche qui demande un investissement considérable.
En résumé, face à un oisillon apparemment en détresse :
- Déterminez s’il a réellement besoin d’aide en fonction de son âge et de son comportement.
- Si une intervention est nécessaire, tentez de le remettre dans son nid ou installez un nid de substitution.
- S’il doit être recueilli, veillez d’abord à le réchauffer et à le réhydrater.
- Nourrissez-le en fonction de son régime naturel, avec des aliments adaptés, toutes les 30-45 minutes le jour.
- Stimulez la défécation après chaque repas en massant son ventre.
- Préparez sa remise en liberté dès qu’il commence à voler, en le plaçant en volière et en diversifiant son alimentation.
- Relâchez-le dans la nature quand il est autonome, ou confiez-le à un centre de sauvegarde si son état l’exige.
En suivant ces conseils, vous mettrez toutes les chances de votre côté pour sauver un jeune oiseau en détresse. Mais la meilleure façon de les aider reste de préserver leur habitat naturel !