En tant que citoyen engagé et sensible à la détresse d’autrui, la question du sans-abrisme me touche particulièrement. Dans les rues de nos villes, nous croisons chaque jour des personnes en grande précarité, à la rue, sans domicile stable. Face à ces situations de détresse, beaucoup aimeraient agir et se demandent comment aider concrètement. C’est pourquoi j’ai décidé de consacrer cet article à partager des conseils, des pistes d’actions et des réflexions, fruit de mes recherches et de mon expérience de terrain auprès d’associations, afin que chacun, à son échelle, puisse faire une différence pour ces personnes exclues.
Je vais d’abord tâcher de mieux comprendre qui sont les personnes sans domicile et quelles sont leurs conditions de vie et leurs besoins. Puis je proposerai toute une palette d’actions concrètes pour leur venir en aide, allant de gestes simples du quotidien à un engagement associatif. Enfin, je soulignerai que pour agir efficacement, il est important d’adopter la bonne attitude et d’aller au-delà des préjugés.
Comprendre la réalité et les besoins des personnes sans domicile
Avant toute chose, pour aider les personnes SDF, encore faut-il comprendre leur situation et ce qui les a menés à la rue. La réalité du sans-abrisme recouvre une diversité de profils et de parcours de vie :
- Le « SDF » iconique et visible dans la rue n’est que la partie émergée de l’iceberg. La grande précarité concerne aussi des familles, des jeunes, des travailleurs pauvres, que l’on voit moins car ils sont hébergés provisoirement chez des tiers, en centre, à l’hôtel, dans leur voiture…
- Les causes sont multiples : perte d’emploi, séparation, expulsion, sortie d’institutions (prison, hôpital, ASE…) sans solution de logement, mais aussi parfois addictions ou troubles psychiques. Beaucoup subissent un « accident de la vie » qui fait basculer dans la précarité.
- Les personnes sans-abri au sens strict, qui dorment dehors faute de places d’hébergement ou par choix (refus d’une prise en charge trop contraignante), sont les plus vulnérables car exposées aux violences, au froid, aux problèmes de santé.
Au-delà de la diversité des situations, les personnes sans domicile partagent des besoins fondamentaux pour survivre dans ces conditions extrêmement précaires :
- Les besoins vitaux : un toit ou un abri, de la nourriture, des vêtements chauds, des produits d’hygiène, des soins. Se nourrir, dormir au chaud et au sec, se laver, se soigner sont un combat quotidien.
- Un accompagnement social et administratif pour faire valoir ses droits, engager des démarches, accéder à un hébergement ou un logement stable. Les personnes à la rue sont souvent isolées et perdues dans le maquis des dispositifs.
- Du lien social, une écoute, de la considération. La solitude et le regard des autres sont une souffrance. Avoir quelqu’un à qui parler, ne pas se sentir transparent est essentiel pour garder sa dignité et l’espoir de s’en sortir.
Couvrir ses besoins vitaux, être épaulé dans ses démarches, tisser du lien : voilà les leviers essentiels pour aider une personne SDF à reprendre pied et envisager une réinsertion. Maintenant que nous avons une meilleure compréhension de ce que vivent les personnes sans domicile, voyons ce que nous pouvons faire concrètement pour les soutenir.
Des gestes solidaires à la portée de tous au quotidien
Venir en aide aux personnes de la rue ne nécessite pas forcément de moyens extraordinaires. Chacun, par de petites actions, peut contribuer à améliorer leur quotidien et leur redonner un peu d’espoir et de dignité. Voici quelques idées :
Créer du lien par un sourire, un regard, une discussion
Offrir un café, de la nourriture ou des vêtements est utile, mais le plus important est d’abord d’établir un contact humain. Quand vous croisez une personne à la rue, osez un regard, un sourire, un bonjour. Si le contexte s’y prête, proposez-lui de discuter.
Demandez-lui comment elle va, si elle a besoin de quelque chose. Intéressez-vous avec bienveillance et sans jugement à son histoire. Souvent, les personnes SDF souffrent plus de solitude et d’indifférence que de pauvreté matérielle.
Un simple « Bonjour Monsieur, comment allez-vous aujourd’hui ? » suffit à faire sentir à une personne exclue qu’elle existe et qu’on la considère.
Donner de la nourriture, des produits de première nécessité
Quand une personne à la rue vous demande de la monnaie, vous pouvez choisir de lui donner ou non. Mais vous pouvez aussi lui proposer plutôt à manger (un sandwich, une part de gâteau, des fruits…) ou d’autres produits utiles :
- Des vêtements chauds : gants, écharpes, bonnets, duvets, sacs de couchage…
- Des produits d’hygiène : savon, dentifrice, brosse à dents, serviettes hygiéniques…
- De la lecture : livres, journaux, magazines…
Pensez toutefois à demander à la personne de quoi elle a vraiment besoin, pour respecter ses souhaits. Si c’est une femme, des protections hygiéniques sont très utiles.
Orienter vers les structures d’aide et d’accueil de jour
Lorsqu’on perd son logement, on manque souvent de repères pour connaître les dispositifs d’aide existants (accueils de jour, douches municipales, bagageries, domiciliation…). Informez les personnes SDF que vous croisez régulièrement :
- Donnez-leur les adresses et horaires d’accueils de jour où prendre un café, une douche, laver son linge, voir un travailleur social, recevoir son courrier…
- Orientez-les vers des associations qui proposent des maraudes (tournées pour distribuer vivres et produits de première nécessité), un accompagnement social ou médical.
- Informez-les sur les démarches pour faire valoir leurs droits (RSA, Sécurité Sociale, demande de logement…).
De nombreuses associations comme le Samu Social, la Croix Rouge, Emmaüs, les Restos du Cœur, le Secours Populaire, la Société Saint-Vincent-de-Paul agissent pour venir en aide aux sans-abri. Renseignez-vous sur celles présentes près de chez vous.
Signaler une personne en détresse aux services compétents
Si vous constatez qu’une personne SDF semble en détresse (problème de santé, désorientation…), surtout par grand froid, n’hésitez pas à contacter les secours. Un geste qui peut sauver une vie :
- Le 115, numéro d’urgence du Samu Social, pour signaler une personne en grande précarité ayant besoin d’aide et d’hébergement.
- Le 15 (Samu) ou le 18 (pompiers) en cas d’urgence vitale (malaise, coup de froid…).
- Les services sociaux de votre ville, le CCAS, une association locale, s’il s’agit d’une personne installée durablement dans la rue près de chez vous.
À vous d’adapter votre réaction en fonction de la situation. L’important est d’agir avec discernement et humanité, sans « forcer ». Si la personne refuse votre aide, respectez son choix, elle a ses raisons.
Ces petits gestes du quotidien, à la portée de tous, peuvent faire une grande différence pour les personnes de la rue. Ils leur redonnent un sentiment d’existence et d’utilité sociale. Mais pour aller plus loin dans le soutien, il est aussi possible de s’investir bénévolement.
S’engager auprès d’associations d’aide aux sans-abri
Vous souhaitez donner plus de votre temps et de votre énergie pour soutenir durablement les personnes SDF ? Le tissu associatif offre de multiples possibilités d’engagement bénévole :
Participer à des maraudes
De nombreuses associations comme la Croix Rouge, la Protection Civile ou les Restos du Cœur organisent des maraudes pour aller à la rencontre des personnes sans-abri dans la rue, généralement le soir et la nuit. En équipe, vous sillonnez les rues pour :
- Distribuer de la nourriture, des boissons chaudes, des duvets, des kits d’hygiène…
- Discuter avec les personnes rencontrées, prendre des nouvelles, les orienter si besoin.
- Repérer les personnes en détresse, alerter les secours.
- Recenser les personnes et faire remonter leurs besoins afin d’ajuster le travail social de jour.
C’est un engagement fort, qui demande de la disponibilité en soirée et une certaine régularité, mais très gratifiant humainement. Les maraudes sont en première ligne du soutien.
Donner du temps dans des accueils de jour
Vous pouvez aussi proposer votre aide dans un accueil de jour pour sans-abri : ces lieux chaleureux offrent des services essentiels pour retrouver un peu de dignité :
- Collation, café, douches, machines à laver, consigne, domiciliation…
- Ateliers culturels et créatifs, cours de français, accompagnement à l’emploi…
- Écoute, lien social, orientation, aide administrative…
On y fait un peu de tout : accueil et orientation des personnes, service au bar, tri des dons, animation, écoute… C’est une belle école de la solidarité et de la rencontre.
S’impliquer dans la collecte et la distribution de dons
Vous pouvez donner un coup de main pour collecter des dons (nourriture, vêtements, produits d’hygiène) auprès du grand public et des entreprises :
- Organiser une collecte dans votre entreprise, école, quartier…
- Tenir un stand lors d’une collecte en magasin.
- Trier, conditionner, distribuer les dons dans les accueils de jour et lors de maraudes.
Les associations ont en permanence besoin de denrées (café, sucre, conserves…), couvertures, duvets, produits d’hygiène, sous-vêtements neufs… Collectez autour de vous !
Participer à des événements de sensibilisation
Vous pouvez aussi vous impliquer dans des actions de sensibilisation et d’interpellation sur le sans-abrisme :
- Tenir un stand d’information sur le travail d’une association lors d’événements.
- Participer à l’organisation d’une conférence-débat, d’une exposition.
- Contribuer à une enquête participative pour faire remonter la parole des personnes SDF.
L’enjeu est de mieux faire comprendre les réalités du sans-abrisme et mobiliser le public et les pouvoirs publics. L’engagement bénévole est précieux et complémentaire au travail des professionnels.
Quelle que soit la « porte d’entrée » que vous choisirez, vous vivrez une expérience humaine unique au contact de personnes cabossées par la vie mais riches d’humanité. Leur rencontre est une grande leçon d’humilité et de fraternité.