Face à l’ampleur des crises migratoires actuelles, de plus en plus de citoyens se demandent comment ils peuvent apporter leur aide aux personnes migrantes et réfugiées. Entre les actions de terrain, le bénévolat associatif, le soutien financier et la sensibilisation, les moyens d’agir sont multiples. Cet article a pour but de vous présenter un panorama des différentes façons de vous engager, à votre échelle, pour améliorer les conditions d’accueil des migrants et défendre leurs droits fondamentaux.
Comprendre les différents statuts : migrants, réfugiés, demandeurs d’asile
Avant toute chose, il est important de bien comprendre la différence entre les notions de migrant, réfugié et demandeur d’asile :
- Un migrant est une personne qui quitte son pays d’origine pour venir s’installer durablement dans un pays dont elle n’a pas la nationalité. Cela inclut toutes les personnes qui migrent, quelles qu’en soient les raisons (économiques, familiales, politiques, climatiques…)
- Un réfugié est une personne qui a fui son pays parce qu’elle y était persécutée du fait de son appartenance ethnique, religieuse, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques. Le statut de réfugié est défini par la Convention de Genève de 1951 et est attribué après examen du dossier par l’administration compétente (en France, l’OFPRA).
- Un demandeur d’asile est une personne qui a déposé une demande pour obtenir le statut de réfugié dans un pays d’accueil et qui est dans l’attente d’une décision.
Si les raisons et conditions de migration sont différentes pour chacun, tous font face à des difficultés importantes dans les pays d’accueil et ont besoin d’être soutenus.
Aider par le don : soutenir financièrement les associations
L’une des façons les plus directes d’aider les migrants est d’apporter votre soutien financier aux associations qui leur viennent en aide au quotidien. Pour beaucoup d’entre elles, les dons sont vitaux pour mener à bien leurs missions :
- Hébergement et aide alimentaire d’urgence : de nombreuses associations, comme Emmaüs ou le Secours Populaire, apportent une aide matérielle aux migrants, en leur fournissant un hébergement temporaire, des repas, des vêtements. Vos dons leur permettent de financer l’achat de denrées alimentaires, de produits d’hygiène, de couvertures, etc.
- Accompagnement juridique et administratif : obtenir un titre de séjour ou le statut de réfugié est un parcours long et complexe. Des associations comme la Cimade, Forum Réfugiés ou France Terre d’Asile proposent un accompagnement juridique aux migrants. Elles ont besoin de dons pour financer le travail de juristes, avocats et interprètes.
- Cours de français : apprendre la langue est indispensable pour s’intégrer dans le pays d’accueil. De nombreuses associations, souvent locales, proposent des cours de français aux migrants, comme par exemple Français Langue d’Accueil. Les dons permettent de financer l’achat de manuels et de matériel pédagogique, mais aussi parfois de rémunérer des professeurs.
- Accès aux soins : les migrants rencontrent souvent des difficultés pour accéder au système de santé, que ce soit pour des raisons économiques, linguistiques ou administratives. Des associations comme Médecins du Monde mènent des actions de prévention et de soins auprès de ces publics vulnérables, notamment via des permanences médicales gratuites. Elles ont besoin de dons pour acheter des médicaments et du matériel médical.
L’avantage du don est qu’il permet à chacun d’agir à son niveau, même avec une petite somme. La plupart des associations proposent de faire des dons ponctuels ou mensuels en ligne. Mais vous pouvez aussi les contacter pour faire un don matériel si vous le souhaitez (vêtements, fournitures scolaires, etc.)
S’engager bénévolement auprès d’une association
Si vous avez du temps à consacrer à la cause des migrants, le bénévolat peut être un très bon moyen de vous investir concrètement. Les associations ont besoin de bénévoles pour de multiples tâches :
- Distribution alimentaire : participer à la collecte, la préparation et la distribution de repas pour les migrants, par exemple dans des centres d’hébergement d’urgence.
- Maraudes : aller à la rencontre des migrants qui vivent dans la rue pour leur apporter une aide alimentaire, des vêtements, des couvertures et orienter ceux qui le souhaitent vers des structures d’accueil.
- Cours de français : de nombreuses associations recherchent des bénévoles pour animer des ateliers de conversation ou donner des cours de français, même sans expérience pédagogique préalable.
- Aide administrative : aider les migrants dans leurs démarches administratives (rédaction de courriers, constitution de dossiers, prise de rendez-vous en préfecture…) Cela nécessite souvent une formation préalable assurée par l’association.
- Traduction et interprétariat : si vous parlez une langue étrangère, vous pouvez mettre vos compétences au service des migrants pour faciliter leur accès aux services publics et à leurs droits.
- Animation d’ateliers socio-culturels, artistiques ou sportifs pour les migrants, notamment les enfants et adolescents.
Chaque association a ses propres besoins et modes de fonctionnement. Le mieux est de contacter directement une association près de chez vous et de voir avec eux de quelle façon vous pouvez vous rendre utile en fonction de vos disponibilités et compétences. N’hésitez pas à vous renseigner auprès de plusieurs structures pour trouver celle qui vous convient le mieux.
Le bénévolat peut être un engagement ponctuel ou régulier. Même quelques heures de votre temps peuvent faire une grande différence ! C’est aussi une expérience très enrichissante humainement, qui permet de créer du lien avec les personnes migrantes et de mieux comprendre leurs parcours et besoins.
Héberger un migrant chez soi
Pour les migrants, trouver un toit est souvent la première difficulté. Les places en centres d’hébergement sont insuffisantes et beaucoup se retrouvent à la rue. Face à ce constat, des citoyens choisissent d’ouvrir leur porte pour accueillir des migrants chez eux, le temps qu’ils accèdent à une solution d’hébergement pérenne.
Si vous avez une chambre libre, vous pouvez vous signaler auprès d’associations comme Réfugiés.info, J’accueille ou le réseau SINGA, qui font le lien entre les citoyens accueillants et les migrants à la recherche d’un toit. L’hébergement peut être temporaire (quelques jours ou semaines) ou s’inscrire dans la durée.
Attention : héberger une personne en situation irrégulière est considéré comme une aide à l’entrée et au séjour irrégulier et est donc illégal. Renseignez-vous bien au préalable sur les conditions et vérifiez la situation administrative de la personne accueillie. La plupart des associations accompagnent les hébergeurs bénévoles pour sécuriser la démarche.
Au-delà d’un simple toit, accueillir un migrant chez soi c’est aussi créer une relation d’entraide et d’hospitalité. C’est l’occasion d’échanger, de découvrir une autre culture, d’aider la personne dans ses démarches du quotidien. Une expérience souvent très riche pour les deux parties !
Être famille d’accueil pour un mineur non accompagné
Parmi les personnes migrantes, les mineurs non accompagnés (MNA) sont particulièrement vulnérables. Il s’agit d’adolescents arrivés seuls en France, sans parent pour les prendre en charge. Si leur minorité et leur isolement sont reconnus, ils peuvent bénéficier d’une prise en charge par l’Aide sociale à l’enfance (ASE) jusqu’à leur majorité. Mais les structures d’accueil manquent cruellement de places et de familles d’accueil bénévoles.
Accueillir un jeune migrant chez soi, c’est comme devenir famille d’accueil pour n’importe quel enfant confié à l’ASE. Les services du département évaluent les candidatures des familles et les forment au préalable. L’accueil peut être temporaire (accueil d’urgence de quelques jours à quelques mois) ou plus long (jusqu’à la majorité du jeune). La famille bénéficie d’un accompagnement et d’un soutien financier de l’ASE.
Au-delà d’un toit, il s’agit d’offrir à ces jeunes un cadre familial bienveillant et sécurisant pour les aider à se reconstruire après un parcours traumatique. C’est un engagement fort, qui peut être difficile par moments, mais aussi très enrichissant. De nombreux jeunes et familles témoignent de relations qui perdurent bien au-delà de la majorité.
Parrainer un migrant
Vous souhaitez aider un migrant mais vous ne pouvez pas l’héberger ? Le parrainage est fait pour vous ! De plus en plus d’associations proposent à des citoyens de devenir le “parrain” ou la “marraine” d’une personne migrante, c’est-à-dire une personne ressource sur qui elle peut compter pour ses démarches d’intégration.
Concrètement, le parrain va :
- Aider le migrant dans ses démarches administratives (inscription à pôle emploi, ouverture de droits, recherche d’un logement…)
- Le soutenir dans son insertion professionnelle en l’aidant à faire son CV, à chercher du travail, en le mettant en lien avec son réseau
- Pratiquer le français avec lui
- Lui faire découvrir son environnement, l’aider à tisser des liens sociaux
- Passer des moments conviviaux ensemble (balades, loisirs, repas…)
L’idée est d’être présent dans la durée (en général un engagement d’au moins 6 mois) et de façon régulière, à raison d’au moins une rencontre par semaine. Cela demande de la disponibilité et de l’investissement, mais c’est une aventure humaine très forte !
En France, des associations comme Réfugiés Bienvenue, Parrainage République ou la Fédération des Marraines Lectrices proposent des missions de parrainage partout en France. Rapprochez-vous d’elles pour en savoir plus !
Rejoindre ou créer un collectif citoyen local de soutien aux migrants
Partout en France, des collectifs citoyens se sont créés pour apporter une réponse locale aux situations de détresse des personnes migrantes. Souvent organisés de façon informelle et horizontale, ces collectifs mènent des actions diverses en fonction des besoins et forces vives du territoire : maraudes, hébergement solidaire, aide alimentaire, cours de français, aide administrative, moments conviviaux…
En rejoignant un collectif existant, vous pourrez vous impliquer très concrètement auprès des migrants, souvent avec beaucoup de liberté et de souplesse. C’est aussi l’occasion de rencontrer d’autres personnes engagées près de chez vous et pourquoi pas nouer des amitiés !
S’il n’y a pas encore de collectif là où vous habitez, lancez-vous ! Contactez votre entourage, faites connaître votre projet, renseignez-vous auprès des associations et structures institutionnelles locales pour identifier les besoins, mettez-vous en lien avec d’autres collectifs pour partager les bonnes pratiques. Avec de la motivation et un bon réseau local, tout est possible !
Agir pour changer le regard sur les migrations
Au-delà d’actions concrètes d’aide aux migrants, vous pouvez aussi vous engager pour sensibiliser votre entourage et contribuer à changer les représentations souvent négatives associées aux phénomènes migratoires.
Quelques idées simples à mettre en œuvre :
- S’informer et informer : ne laissez pas la parole aux rumeurs et aux discours de rejet ! Informez-vous sur la réalité des migrations en consultant des sources fiables et partagez vos connaissances autour de vous.
- Réagir aux propos xénophobes : si une personne de votre entourage personnel ou professionnel tient des propos stigmatisants, réagissez !