Je suis souvent amené à réfléchir à la façon dont nous pouvons aider nos enfants, et en particulier nos fils, à développer des compétences sociales essentielles qui leur permettront de s’épanouir tout au long de leur vie. Dans notre société actuelle, tisser des liens avec les autres est en effet primordial, que ce soit pour réussir à l’école, s’intégrer professionnellement ou tout simplement être heureux dans sa vie personnelle.
Mais comment fait-on concrètement pour guider son fils sur le chemin de la socialisation ? Quelles sont les clés, les conseils, les attitudes à adopter en tant que parent pour l’aider à aller vers les autres, se faire des amis, interagir de façon positive avec ses pairs ? C’est ce que nous allons voir en détail dans cet article, en nous appuyant à la fois sur les travaux de recherche dans ce domaine et mon expérience auprès des familles.
Favoriser la confiance en soi, socle des relations sociales
Avant toute chose, il est essentiel de comprendre qu’un enfant ne pourra aller vers les autres que s’il a suffisamment confiance en lui. C’est la base sur laquelle tout se construit. Un enfant qui doute de lui-même, de ses capacités, de sa valeur, aura beaucoup de mal à s’ouvrir aux autres. Il risque de se replier sur lui-même par peur du jugement ou du rejet.
C’est pourquoi en tant que parent, notre rôle premier est de valoriser notre enfant, de lui renvoyer une image positive de lui-même, de mettre en avant ses qualités, ses compétences, ses réussites. Cela ne veut pas dire le surprotéger ou lui mentir, mais simplement être un miroir bienveillant qui l’aide à prendre conscience de tout son potentiel.
Concrètement, cela passe par de petits gestes et paroles au quotidien :
- Le féliciter pour ses efforts et ses progrès, plus que pour ses résultats
- Souligner ses forces, ses talents particuliers
- L’encourager quand il doute de lui, le rassurer sur ses capacités
- Dédramatiser ses échecs, l’aider à en tirer des leçons constructives
- Lui confier des responsabilités à sa mesure, lui montrer qu’on lui fait confiance
Tout cela participe à construire un socle de confiance et d’estime de soi dont l’enfant a besoin pour s’épanouir avec les autres. Une fois cette base solide établie, on peut s’attaquer aux aspects plus concrets de la socialisation.
Lui apprendre à entrer en relation
Créer des liens avec les autres ne va pas forcément de soi, cela s’apprend. En tant qu’adultes rompus aux codes sociaux, on a parfois tendance à l’oublier, mais pour un enfant, aller vers un autre enfant et engager la conversation ou proposer un jeu peut représenter un vrai défi.
Notre rôle est donc de guider nos enfants, de leur donner des clés concrètes pour entrer en relation de façon positive. On peut par exemple :
- L’encourager à sourire, à regarder l’autre dans les yeux
- Lui apprendre quelques formules de politesse de base (bonjour, au revoir, s’il te plaît, merci…)
- L’inciter à se présenter, à demander son prénom à l’autre enfant
- Lui suggérer des jeux ou des sujets de conversation adaptés à son âge
- L’aider à formuler une demande gentille pour intégrer un groupe qui joue
- L’inviter à proposer de prêter son jouet ou de partager son goûter
L’idée n’est pas d’imposer un « script » rigide à répéter par cœur, mais de mettre son fils en confiance avec quelques bases sur lesquelles s’appuyer. Libre à lui ensuite de se les approprier à sa manière.
L’important est aussi que l’enfant comprenne que la relation est un échange, que ça ne peut pas être à sens unique. On échange des sourires, des paroles, des jeux, des services… C’est donner ET recevoir. Une notion pas toujours évidente à intégrer pour un enfant !
L’initier aux règles du vivre-ensemble
Au-delà de la rencontre individuelle, vivre avec les autres implique de comprendre et d’intégrer tout un ensemble de règles, de codes, de façons d’être et de faire. C’est la fameuse « socialisation », ce processus par lequel on devient un être social à part entière.
Pour aider nos fils sur ce plan, on peut déjà commencer par montrer nous-mêmes l’exemple, en incarnant les valeurs du vivre-ensemble :
- Le respect de l’autre dans sa différence
- L’écoute et la communication bienveillantes
- Le partage et l’entraide plutôt que la compétition
- La coopération pour réaliser des projets communs
- La gestion positive des désaccords et des conflits
Nos enfants ont besoin de voir ces principes à l’œuvre en actes, pas seulement en paroles. En famille comme à l’extérieur.
Ensuite, on peut expliciter progressivement ces règles de vie en société :
- Dire bonjour, au revoir, s’il te plaît, merci
- Attendre son tour, partager
- Ne pas couper la parole, écouter quand l’autre parle
- Demander la permission avant de prendre un objet
- Respecter le matériel et le rangement communs
- Aider spontanément, coopérer dans un jeu ou une tâche
- Exprimer son désaccord sans crier ni taper
Tout cela s’apprend au fil des expériences, avec un peu d’accompagnement. Le but n’est pas d’avoir un enfant policé « parfait », mais un enfant qui comprend et intègre progressivement le sens et l’utilité de ces règles pour vivre ensemble.
L’exposer à la diversité
Pour développer chez nos fils une réelle aptitude sociale, il est important de les ouvrir très tôt à la diversité. Diversité de personnes, de cultures, de modes de vie, de façons de voir le monde.
Pourquoi ? Parce que c’est en étant confrontés à la différence que nos enfants apprennent à s’adapter, à faire preuve de tolérance et d’ouverture d’esprit. Des qualités essentielles pour créer des liens dans une société de plus en plus diverse et métissée.
Concrètement, on peut par exemple :
- Inscrire son enfant dans une école, un centre de loisirs avec une mixité sociale et culturelle
- L’emmener dans des quartiers, des villes différentes de notre lieu de vie habituel
- Lui faire rencontrer des enfants et adultes d’origines et de milieux sociaux variés
- L’initier à d’autres cultures via des livres, films, musiques du monde entier
- L’impliquer dans des projets solidaires, humanitaires, citoyens
Etre exposé à la diversité, c’est développer sa capacité d’adaptation et son sens de l’autre. Des atouts de taille pour les relations sociales !
Développer son empathie
L’empathie, ou la capacité à se mettre à la place de l’autre, à comprendre ce qu’il ressent, est une autre compétence clé des relations sociales. Elle permet d’ajuster son comportement, d’être dans le dialogue plutôt que dans le rapport de force.
Pour développer l’empathie chez nos fils, là encore l’exemple est primordial. En étant nous-mêmes à l’écoute des émotions de notre enfant, en essayant de comprendre son point de vue, en mettant des mots sur ce qu’il traverse.
On peut aussi utiliser le support des histoires, contes et autres récits pour l’amener à se mettre dans la peau des personnages. Comment crois-tu qu’il se sent ? Que ferais-tu à sa place ? Ces questions simples aident l’enfant à développer une certaine sensibilité à l’autre.
Des jeux de rôle, des mises en situation sont également utiles pour exercer cette capacité à se mettre à la place de l’autre. Avec un peu de guidance pour apprendre à décoder les indices verbaux et non verbaux des émotions.
Accepter les tâtonnements
Devenir un être social à l’aise dans les relations est un long processus, fait de tâtonnements, d’essais, d’erreurs, de ratés. Il faut accepter que nos fils ne soient pas parfaits dans ce domaine, qu’ils aient des maladresses, des incompréhensions, des conflits avec leurs pairs.
Notre rôle n’est pas de leur éviter tous ces écueils, mais de les accompagner avec bienveillance. Dédramatiser les situations, analyser avec eux ce qui s’est passé, imaginer avec eux d’autres façons de réagir pour la prochaine fois.
Chaque difficulté est une opportunité d’apprentissage, à condition d’adopter une posture ouverte et constructive. Et surtout de ne pas porter de jugement négatif. Notre regard confiant est essentiel pour aider nos fils à persévérer dans leur socialisation malgré les embûches.
Les soutenir face au rejet
Car il faut bien admettre que le rejet fait partie de la vie sociale. A un moment ou à un autre, nos fils seront confrontés à un refus, une exclusion, une rupture de lien, et c’est particulièrement douloureux.
Là encore, notre rôle sera avant tout de les écouter, de valider leurs émotions, de dédramatiser sans minimiser. Les aider à prendre du recul, à ne pas se remettre totalement en cause.
Il sera important aussi de leur donner des clés pour rebondir, aller de l’avant, ne pas s’enfermer dans l’échec. Les encourager à rencontrer d’autres enfants, retrouver des centres d’intérêt, regagner confiance en eux et dans les autres.
Le rejet social fait mal, mais il n’est jamais définitif. Avec le soutien et les outils nécessaires, nos fils peuvent apprendre à y faire face de façon résiliente.
Les guider vers des relations de qualité
Toutes les relations ne se valent pas et il est de notre responsabilité de parents d’aider nos fils à repérer celles qui leur sont bénéfiques, nourrissantes, épanouissantes. Les amitiés toxiques existent, même à un très jeune âge !
Sans porter de jugement direct sur les fréquentations de notre enfant, on peut l’amener à s’interroger sur la qualité des liens qu’il tisse :
- Cette relation te rend-elle heureux, fier de toi, en confiance ?
- Te sens-tu respecté, écouté, valorisé ?
- Peux-tu être toi-même, exprimer tes idées et émotions librement ?
- Vous entraidez-vous, vous tirez-vous mutuellement vers le haut ?
L’idée est d’aider notre fils à développer son esprit critique et à choisir ses relations en pleine conscience. A rechercher des liens sains, positifs, dans lesquels il peut grandir et s’épanouir.
Par notre écoute et nos questions ouvertes, on peut l’accompagner dans cette réflexion, ce discernement. Sans s’imposer mais en lui donnant des repères, des critères pour l’éclairer dans ses choix.
Cultiver le terrain familial
Enfin, n’oublions pas que le premier terrain d’entraînement à la relation, c’est la famille ! C’est en expérimentant des interactions saines, positives, nourrissantes avec ses parents et sa fratrie qu’un enfant apprend les bases de la socialisation.
Alors prenons soin de cultiver cet écosystème familial :
- En créant un climat de confiance, d’écoute et de bienveillance
- En communiquant de façon ouverte et respectueuse
- En valorisant la coopération et l’entraide plutôt que la compétition
- En encourageant l’expression des émotions et la résolution positive des conflits
- En cultivant la joie d’être ensemble, de partager des moments complices