Aujourd’hui, je vous propose de plonger avec moi dans l’univers fascinant et foisonnant des associations en France.
Au fil de mes recherches et de mes rencontres avec des acteurs associatifs de tous horizons, j’ai pu mesurer à quel point les associations constituent un pilier essentiel de notre démocratie et de notre vivre-ensemble. Leur diversité est une richesse incroyable, reflet du dynamisme et de la créativité qui animent notre pays.
Je vous propose un véritable voyage au cœur de la galaxie associative française. Nous explorerons ensemble les différentes facettes de ce monde en perpétuelle évolution. Des fondamentaux juridiques aux grands enjeux de société actuels, en passant par des focus sur des secteurs phares, nous dresserons un panorama aussi large que possible de ce sujet passionnant.
Alors attachez vos ceintures et suivez le guide, partons à la découverte des associations en France !
Comprendre le monde associatif français
Avant de nous lancer dans l’exploration des différentes dimensions des associations, il est indispensable de bien cerner ce qui définit et caractérise le secteur associatif en France. Revenons donc aux fondamentaux.
Commençons par un petit rappel historique. C’est la loi du 1er juillet 1901 qui a donné naissance à la liberté d’association telle que nous la connaissons aujourd’hui. Ce texte fondateur définit l’association comme “”la convention par laquelle deux ou plusieurs personnes mettent en commun, d’une façon permanente, leurs connaissances ou leur activité dans un but autre que de partager des bénéfices””.
Cette loi a permis l’émergence et le développement d’un tissu associatif d’une densité et d’une vitalité uniques au monde. La France compte aujourd’hui plus de 1,5 million d’associations actives. Cela signifie qu’il se crée en moyenne 70 000 nouvelles associations chaque année ! Un dynamisme qui ne se dément pas au fil des décennies.
Au-delà des chiffres, c’est la diversité qui caractérise le mieux le paysage associatif français. Diversité des tailles tout d’abord, puisque coexistent des structures de quelques membres avec des organisations de plusieurs milliers de salariés. Diversité des domaines d’activité ensuite, des loisirs au médico-social en passant par la culture, l’environnement ou encore la défense des droits. Diversité des publics et des territoires enfin, puisque les associations agissent partout et pour tous.
Une autre caractéristique majeure du monde associatif est l’engagement bénévole qui l’anime. On estime à 13 millions le nombre de bénévoles actifs dans les associations françaises, soit près d’un Français sur quatre. Cet engagement citoyen est au cœur du projet associatif et lui donne tout son sens.
Mais les associations, ce sont aussi des emplois. Le secteur associatif représente aujourd’hui près de 10% de l’emploi privé en France, avec 1,8 million de salariés. Cette dimension économique est trop souvent méconnue. Les associations sont pourtant un acteur majeur de l’économie sociale et solidaire et contribuent significativement au PIB de notre pays.
Vous l’aurez compris, pour bien saisir ce qu’est le monde associatif aujourd’hui, il faut avoir en tête ces deux dimensions complémentaires : un projet fondé sur l’engagement citoyen et une action ancrée dans la réalité socio-économique. C’est ce qui fait la singularité de ce secteur à part, ni tout à fait public, ni vraiment privé. Un secteur qui échappe aux classifications habituelles et bouscule nos grilles de lecture.
Mais gardons-nous d’une vision monolithique ou figée. Le monde associatif est en constante évolution, tiraillé entre la préservation de ses spécificités et la nécessaire adaptation aux transformations de la société. C’est tout l’objet de notre voyage d’aujourd’hui que d’explorer les grands enjeux qui traversent le secteur associatif en ce début de 21ème siècle.
Les associations, actrices majeures de l’économie sociale et solidaire
Commençons notre tour d’horizon par une dimension souvent méconnue ou sous-estimée : le poids économique des associations. Loin des clichés qui les réduisent parfois à de sympathiques structures bénévoles, elles sont en réalité des actrices majeures de l’économie française.
Quelques chiffres permettent de prendre la mesure de cette réalité :
- Les associations emploient aujourd’hui 1,8 million de salariés, soit près de 10% de l’emploi privé en France
- Le secteur associatif pèse environ 3,5% du PIB. C’est plus que l’agriculture ou l’industrie agroalimentaire !
- Le budget cumulé des associations est estimé à 113 milliards d’euros
Ces données impressionnantes témoignent du fait que les associations ne sont pas un épiphénomène ou un secteur marginal de l’économie. Elles en sont au contraire une composante essentielle.
Mais au-delà des grands chiffres, il faut souligner l’importance des associations dans certains domaines d’activité. C’est particulièrement vrai dans le champ social, médico-social et sanitaire. Les associations gèrent ainsi 55% des établissements et services pour personnes handicapées, 40% des établissements d’hébergement pour personnes âgées et 30% des établissements hospitaliers. Elles sont également très présentes dans la petite enfance, l’insertion professionnelle, la lutte contre l’exclusion, etc.
Cette place prépondérante s’explique par l’histoire de la construction de notre modèle social. Bien avant que l’Etat ne s’engage pleinement dans ces domaines, ce sont les associations qui ont inventé et développé la plupart des réponses à des besoins sociaux émergents. Elles ont ainsi joué un rôle pionnier et précurseur que les politiques publiques sont ensuite venues soutenir et encadrer.
Pour autant, les associations ne sont pas de simples prestataires ou opérateurs de politiques publiques. Elles ont su préserver une identité et un projet propres, fondés sur des valeurs de solidarité et un fonctionnement démocratique. C’est ce qui fonde leur appartenance à l’économie sociale et solidaire (ESS), au même titre que les coopératives, les mutuelles et les fondations.
L’ESS regroupe en effet les organisations privées qui cherchent à concilier activité économique et utilité sociale, dans un cadre de gouvernance démocratique et participative. C’est un modèle qui fait la part belle à l’innovation sociale, avec l’ambition de placer l’économie au service de l’homme et non l’inverse.
Au sein de l’ESS, les associations occupent une place singulière du fait de certaines spécificités :
- La non lucrativité : contrairement aux sociétés commerciales, les associations ne peuvent partager de bénéfices entre leurs membres. Cela garantit que toutes leurs ressources sont affectées à la réalisation de leur projet.
- La liberté de s’associer : inscrite dans la loi de 1901, elle est au fondement de l’initiative associative et de sa vitalité.
- La gestion démocratique et désintéressée : le fonctionnement des associations repose sur l’égalité des membres et l’implication bénévole dans la gouvernance.
Ces principes, qui constituent l’ADN du monde associatif, irriguent leur action au quotidien. Ils sont le ciment de leur utilité sociale et de leur ancrage citoyen.
Pour conclure ce focus sur la dimension économique, il faut souligner que les associations font face à des défis importants dans un contexte de raréfaction des financements publics. La nécessité de diversifier leurs ressources et d’innover dans leurs modèles socio-économiques est un enjeu central pour leur pérennité. Nous y reviendrons plus en détails dans la suite de cet article.
La fonction de médiation et de représentation des associations
Au-delà de leur poids économique et social, les associations jouent un rôle essentiel dans notre démocratie. Elles sont en effet des espaces privilégiés d’engagement citoyen et de participation à la vie de la cité. À ce titre, elles remplissent une fonction de médiation et de représentation absolument fondamentale.
Commençons par rappeler que la liberté d’association est un droit constitutionnel qui figure dans le bloc de constitutionnalité. Cela signifie qu’elle est placée au même niveau que d’autres libertés fondamentales comme la liberté de conscience ou d’expression. C’est dire son importance dans notre pacte républicain !
Historiquement, les associations ont été le creuset de l’apprentissage et de l’exercice de la citoyenneté. Elles ont permis à des générations de Français de faire l’expérience concrète de la démocratie, à travers l’action collective et le fonctionnement associatif lui-même. Adhérer à une association, c’est en effet faire le choix de s’unir librement à d’autres pour défendre une cause ou porter un projet, dans un cadre égalitaire et fraternel. Cet engagement volontaire et désintéressé au service de l’intérêt général est l’essence même de la citoyenneté.
Aujourd’hui encore, les associations sont le premier lieu d’engagement des Français, loin devant les partis politiques ou les syndicats. Avec 13 millions de bénévoles, elles mobilisent un Français sur quatre dans des activités d’intérêt général. Cette implication massive dans la vie associative témoigne de la vitalité de notre démocratie et de la volonté des citoyens de prendre part activement à la chose publique.
Mais l’engagement associatif ne se résume pas à une participation individuelle. Il se prolonge dans une véritable fonction de représentation et de médiation que les associations assurent collectivement. En effet, en faisant remonter les aspirations et les besoins des citoyens, en interpellant les pouvoirs publics, en formulant des propositions, les associations jouent un rôle charnière entre la société civile et la sphère politique.
Cette fonction s’exerce à différents niveaux :
- Au niveau local, les associations sont des partenaires incontournables des collectivités territoriales. Elles contribuent à l’élaboration et à la mise en œuvre des politiques publiques de proximité, dans une logique de co-construction.
- Au niveau national, les associations sont représentées dans de nombreuses instances consultatives comme le Conseil économique, social et environnemental (CESE) ou le Haut Conseil à la vie associative (HCVA). Elles y font entendre la voix des citoyens et y défendent l’intérêt général.
- Au niveau européen, les associations françaises sont très impliquées dans les réseaux associatifs transnationaux qui dialoguent avec les institutions communautaires. Elles y portent les valeurs de l’ESS et y promeuvent le modèle associatif comme un pilier de la démocratie européenne.
Cette fonction de représentation et de médiation est essentielle à plus d’un titre. D’abord parce qu’elle permet de faire remonter la parole des citoyens, y compris de ceux qui sont les plus éloignés des lieux de décision. Ensuite parce qu’elle contribue à enrichir et à légitimer les politiques publiques en y intégrant l’expertise citoyenne. Enfin parce qu’elle participe à la vitalité du débat public et au renouvellement de la démocratie.
Pour autant, ce rôle n’est pas exempt de tensions ou de paradoxes. Les associations sont en effet tiraillées entre leur volonté de peser sur les décisions publiques et leur attachement à leur indépendance. Elles doivent trouver le bon équilibre entre la confrontation et le dialogue, entre la contestation et la proposition. Un équilibre qui n’est jamais définitivement acquis et qui doit sans cesse être réinventé.
Un autre défi est celui de la représentativité des associations. Dans un contexte de défiance croissante vis-à-vis des corps intermédiaires, il est essentiel que le monde associatif soit à l’image de la diversité de la société française.