En tant qu’autoentrepreneur, la possibilité d’embaucher un salarié soulève souvent des interrogations. Bien que le statut d’autoentrepreneur ait été initialement conçu pour une activité individuelle, il est tout à fait légal pour un autoentrepreneur de recruter du personnel. Cependant, cette démarche comporte de nombreuses spécificités et contraintes qui rendent l’embauche souvent peu avantageuse dans la pratique. Explorons ensemble les avantages, les inconvénients et les alternatives qui s’offrent à l’autoentrepreneur souhaitant développer son équipe.
L’autoentrepreneur peut-il vraiment embaucher un salarié ?
Oui, un autoentrepreneur peut tout à fait recruter un salarié, que ce soit en contrat à durée indéterminée (CDI) ou en contrat à durée déterminée (CDD). Aucune disposition légale ne l’en empêche.
Cependant, le statut d’autoentrepreneur a été avant tout conçu pour exercer une activité individuelle. Ainsi, même si l’embauche d’un salarié est possible, elle comporte de nombreuses contraintes qui en font généralement une solution peu avantageuse.
Les avantages de l’embauche pour l’autoentrepreneur
Malgré ces limitations, l’embauche d’un salarié peut se révéler pertinente dans certains cas :
Faire face à une hausse d’activité ponctuelle : Cela peut vous permettre de répondre à une demande croissante, par exemple lors des périodes de fêtes.
Tester un recrutement avant un changement de statut : Si votre activité est florissante et que vous envisagez à terme de passer à une structure plus adaptée (EURL, SASU, etc.), embaucher un premier salarié peut vous aider à évaluer votre capacité à gérer une équipe.
Les inconvénients de l’embauche pour l’autoentrepreneur
Néanmoins, le statut d’autoentrepreneur comporte plusieurs spécificités qui rendent généralement l’embauche peu avantageuse :
Des plafonds de chiffre d’affaires à ne pas dépasser : Le régime de l’autoentrepreneur est en effet soumis à des seuils de CA annuel, au-delà desquels vous perdez les bénéfices de ce statut. L’embauche d’un salarié risque d’impacter significativement votre chiffre d’affaires et de vous faire franchir ces limites.
L’impossibilité de déduire les charges réelles : Contrairement à une entreprise classique, vous ne pouvez pas déduire les dépenses réelles liées à votre activité (dont le salaire de votre salarié) de votre chiffre d’affaires. Vos cotisations sociales et votre imposition sont donc calculées sur votre CA brut.
| Plafonds de chiffre d’affaires de l’autoentrepreneur | Limite |
|---|---|
| Activités de vente de marchandises, de fourniture de logement | 188 700 € HT |
| Prestations de services, professions libérales | 77 700 € HT |
| Activités artisanales | 77 700 € HT |
Le coût important de l’embauche pour l’autoentrepreneur
Recruter un salarié représente un coût non négligeable pour l’autoentrepreneur, qui ne peut pas bénéficier d’allègements spécifiques :
Salaire brut du salarié
Charges patronales (environ 45% du salaire brut)
Frais de gestion liés au recrutement et à l’administration du salarié (fiches de paie, déclarations, etc.)
| Exemple de coût d’embauche pour un autoentrepreneur | Montant |
|---|---|
| Salaire brut d’un salarié au SMIC (35h/semaine) | 1 758 € |
| Charges patronales (environ 45% du salaire brut) | 791 € |
| Coût total mensuel pour l’autoentrepreneur | 2 549 € |
Comme vous pouvez le constater, le coût d’un salarié représente une part très importante des revenus mensuels d’un autoentrepreneur, surtout si son activité ne génère qu’un chiffre d’affaires modeste.
Quelles alternatives à l’embauche pour l’autoentrepreneur ?
Compte tenu des inconvénients liés à l’embauche d’un salarié en autoentreprise, il existe d’autres solutions plus adaptées pour développer son activité et répondre à une hausse de la demande :
Recruter un stagiaire
L’intégration d’un stagiaire est une alternative intéressante pour l’autoentrepreneur. Cette solution est moins coûteuse et plus souple à mettre en place que l’embauche d’un salarié.
Principales règles à respecter :
Le stage doit s’inscrire dans un cursus de formation
La durée du stage ne peut excéder 6 mois par année d’enseignement
Vous pouvez accueillir jusqu’à 3 stagiaires simultanément
La gratification minimale est de 4,05 € de l’heure (soit environ 624 € par mois)
Faire appel au portage salarial
Autre solution envisageable : le portage salarial. Ce système vous permet de bénéficier des services d’un professionnel sans avoir à gérer les formalités administratives liées à l’embauche.
Le principe est simple : vous négociez les termes de la mission directement avec le « »porté » » (le salarié), tandis que la société de portage se charge d’établir les bulletins de paie et de vous facturer les prestations.
Sous-traiter à un autre indépendant
Vous pouvez également sous-traiter une partie de votre activité à un autre travailleur indépendant, qu’il soit autoentrepreneur ou non. Cela vous permet de bénéficier de compétences complémentaires sans avoir à embaucher.
Attention toutefois à ne pas tomber dans le salariat déguisé : le sous-traitant doit impérativement travailler pour d’autres clients que vous.
Recourir à l’intérim ou à l’apprentissage
Enfin, vous pouvez envisager de faire appel à une agence d’intérim pour répondre à des besoins ponctuels. Ou bien recruter un apprenti, qui vous permettra de former de la main-d’œuvre tout en bénéficiant d’exonérations de charges.
En conclusion, bien que l’embauche d’un salarié soit légalement possible pour un autoentrepreneur, ce choix reste souvent peu avantageux en pratique. Les contraintes liées au régime de l’autoentreprise (plafonds de CA, impossibilité de déduire les charges) rendent généralement cette option peu rentable.
Pour autant, l’autoentrepreneur dispose de nombreuses alternatives pour développer son activité et répondre à une hausse de la demande, comme le recrutement de stagiaires, le portage salarial ou la sous-traitance. À lui de trouver la solution la plus adaptée à sa situation !
