Lorsqu’une personne de notre entourage souffre d’une addiction, il est souvent difficile de savoir comment réagir et l’aider au mieux. Que ce soit une dépendance à l’alcool, aux drogues, aux jeux d’argent ou à un comportement, le soutien des proches est essentiel pour s’en sortir. Voici des conseils pour accompagner un proche dans son combat contre l’addiction.
Les étapes pour accompagner un proche dans son combat contre l’addiction
Reconnaître les signes d’une addiction
La première étape pour aider un proche est d’identifier qu’il souffre d’une addiction. Certains changements de comportement peuvent alerter :
- Consommation plus fréquente et en plus grande quantité d’un produit
- Irritabilité, sautes d’humeur
- Isolement, repli sur soi
- Problèmes relationnels, familiaux, professionnels
- Difficultés financières
- Négligence de son apparence et de son hygiène
Si plusieurs de ces signes sont présents, n’hésitez pas à en parler avec votre proche. Abordez le sujet avec bienveillance, sans jugement.
Engager le dialogue
Entamer la discussion sur le problème d’addiction n’est pas toujours facile, par peur de blesser l’autre ou de sa réaction. Choisissez un moment où votre proche sera réceptif, dans un environnement calme. Exprimez vos inquiétudes et vos sentiments avec des phrases commençant par « Je ». Par exemple : « Je m’inquiète pour ta santé quand je te vois boire autant » au lieu d’un « Tu as un problème d’alcool ».
Montrez que vous êtes là, à l’écoute, sans porter de jugement. Proposez votre aide et votre soutien. Laissez votre proche s’exprimer sur son ressenti. Soyez dans l’empathie.
Fixer des limites
Soutenir ne signifie pas tout accepter. Vous avez le droit de fixer des limites claires concernant les comportements que vous ne cautionnez pas. Par exemple, refuser que la personne consomme des produits illicites devant vous. Expliquez que ces règles visent à l’aider à aller mieux.
Veillez cependant à ne pas tomber dans la codépendance affective. Votre rôle est d’être présent mais pas de réparer les pots cassés à chaque fois. L’addiction ne doit pas envahir votre quotidien.
L’encourager à se faire aider
La plupart des addictions nécessitent une prise en charge par des professionnels. Incitez votre proche à consulter, en douceur. Renseignez-vous au préalable sur les structures adaptées à sa situation : médecin généraliste, psychologue spécialisé en addictologie, groupe de parole, centre de soin… Vous pouvez lui proposer de l’accompagner à son premier rendez-vous.
Attendez-vous cependant à quelques réticences de sa part. Le déni est fréquent. Il faudra parfois plusieurs discussions avant que la personne accepte de se faire aider. Soyez patient et ne vous découragez pas.
Prendre soin de soi
Aider un proche addict est éprouvant psychologiquement. Vous devez aussi penser à préserver votre propre équilibre. N’hésitez pas à vous faire épauler, à en parler à des amis ou votre famille. Gardez du temps pour vous et vos loisirs. Déculpabilisez si vous n’arrivez pas à « sauver » votre proche. Vous avez déjà fait beaucoup en lui témoignant votre affection.
Des associations proposent également des groupes de parole pour l’entourage de personnes souffrant d’addiction, n’hésitez pas à vous y rendre pour partager votre expérience.
Les différents types d’addiction et comment s’en sortir
Une addiction se caractérise par la dépendance à une substance ou un comportement, dont on a perdu le contrôle malgré des conséquences négatives. Il existe deux grands types d’addiction : celles liées à des produits psychoactifs (drogues, alcool, tabac…) et celles liées à des comportements (jeux d’argent, achats compulsifs, cyberdépendance…).
Dépendances aux substances psychoactives
Les substances psychoactives agissent directement sur le cerveau en modifiant son fonctionnement. Elles provoquent une forte envie de consommer, rendant l’arrêt difficile. Les plus connues sont :
- L’alcool
- Le tabac
- Le cannabis
- La cocaïne ❄️
- L’héroïne
- Les médicaments psychotropes (antidouleurs, anxiolytiques…)
Une prise en charge médico-psycho-sociale avec un suivi sur le long terme est recommandée. L’objectif est le sevrage avec un accompagnement pour comprendre les raisons de la dépendance et les leviers pour rester abstinent. Selon la substance et le degré de dépendance, une hospitalisation peut être nécessaire dans un premier temps.
Addictions comportementales
Les addictions comportementales se manifestent par la répétition compulsive d’un comportement procurant du plaisir, au détriment des autres activités. Les plus fréquentes sont :
L’addiction aux jeux d’argent et de hasard
L’addiction aux jeux vidéo
Les achats compulsifs ️
L’addiction au sexe et à la pornographie
L’addiction au sport ♂️
La dépendance aux écrans
Une thérapie cognitivo-comportementale (TCC) est souvent proposée pour comprendre les mécanismes de la dépendance. Elle aide à identifier les situations à risque et à trouver des stratégies pour éviter les rechutes. Des groupes de parole entre pairs peuvent aussi être bénéfiques.
Le chemin vers l’abstinence est long et difficile, les rechutes fréquentes. L’important est de ne pas se décourager et de continuer à avancer.
Où trouver de l’aide pour soigner une addiction ?
De nombreuses ressources existent pour être accompagné :
- Votre médecin traitant, qui pourra vous orienter
- Les Centres de Soins, d’Accompagnement et de Prévention en Addictologie (CSAPA)
- Les associations d’entraide comme les Alcooliques Anonymes, Narcotiques Anonymes…
- Les psychologues et addictologues
- Les groupes de parole
- Les communautés en ligne de soutien
- Les applications d’aide à l’arrêt
Le plus important est de ne pas rester seul. Le soutien de l’entourage, associé à un suivi professionnel, est la clé pour s’en sortir durablement. Chaque addiction étant unique, la prise en charge sera adaptée à chacun.
Se libérer des mécanismes de l’addiction
Comprendre les mécanismes de l’addiction permet de mieux les déjouer. La dépendance s’installe en effet progressivement, souvent sans que l’on s’en rende compte. Décryptons les différentes étapes :
La rencontre avec le produit ou le comportement addictif
Au départ, la consommation d’un produit ou la pratique d’un comportement procure des sensations de plaisir, de détente, d’euphorie. On y a recours ponctuellement, dans un cadre festif ou convivial. A ce stade, il y a peu de risque de développer une addiction.
Mais pour les personnes présentant certaines vulnérabilités psychologiques (mal-être, stress, problèmes relationnels…), le soulagement ressenti lors des premières expériences peut être particulièrement puissant, instaurant un conditionnement.
L’installation dans un mode de consommation régulier
Progressivement, on va ressentir de plus en plus souvent l’envie de consommer ou de répéter le comportement. L’usage récréatif et occasionnel devient plus régulier, s’inscrit dans le quotidien.
Des automatismes s’installent : on consomme en réponse à certaines émotions, situations ou dans des contextes particuliers. Le produit ou comportement devient un réflexe pour gérer les aléas de la vie. On commence à perdre le contrôle.
L’apparition d’une dépendance
L’étape suivante est l’apparition d’une dépendance physique et/ou psychologique. Le corps et le cerveau se sont habitués aux effets : on ressent un véritable manque lorsque l’on arrête de consommer.
On ne peut plus se passer de sa dose quotidienne. Obtenir le produit ou pratiquer le comportement devient une obsession. Des symptômes de sevrage, parfois intenses, rendent l’arrêt difficile.
La spirale addictive envers et contre tout
Petit à petit, l’addiction prend toute la place. On continue malgré les dommages sur la santé, la vie sociale, professionnelle. La culpabilité et la honte s’installent mais on se sent incapable d’arrêter.
Le déni est fréquent à ce stade. On minimise sa consommation, on trouve des excuses, on cache la réalité à ses proches. On s’isole. On n’arrive plus à assumer ses responsabilités. On s’enfonce.
Sortir de l’engrenage
Prendre conscience de sa dépendance est la première étape pour s’en sortir. Un élément déclencheur, comme une remarque d’un proche ou un problème de santé, peut aider à ouvrir les yeux sur la situation.
Il existe ensuite de multiples manières d’entamer le processus de sevrage. Le plus difficile est de franchir le pas, d’accepter d’être aidé. Un accompagnement adapté permet de comprendre les raisons de son addiction et d’apprendre à apprivoiser ses émotions autrement.
Cela prend du temps et demande des efforts au quotidien. Les rechutes font partie du processus, elles ne doivent pas être vécues comme des échecs. L’essentiel est de ne pas lâcher, d’être doux avec soi-même. Chaque jour sans consommer est une victoire.
Les clés pour réussir son sevrage d’une addiction
Sortir d’une addiction est un combat de longue haleine qui nécessite d’être bien entouré. Mais il existe aussi des leviers sur lesquels vous pouvez agir par vous-même. Voici quelques conseils pour mettre toutes les chances de votre côté.
Identifier vos situations à risque
La première étape est d’analyser les circonstances dans lesquelles vous avez le plus de mal à résister. Est-ce quand vous vous sentez stressé, triste, en colère ? Dans certains lieux ou avec certaines personnes ? A certains moments de la journée ?
Tenir un journal de bord pour y noter vos envies et émotions peut vous aider à y voir plus clair. Une fois ces situations identifiées, réfléchissez à des stratégies pour les éviter ou mieux les gérer. Relaxation, activité physique, appel à un proche… Créez votre boîte à outils personnalisée !
Changer vos habitudes
Une addiction s’ancre dans la répétition de schémas, de rituels. Pour vous en défaire, vous devez remplacer vos automatismes par de nouveaux comportements sains.
Quelques exemples : pratiquer une activité après le travail plutôt que de céder à une envie, changer d’itinéraire pour ne pas passer devant un bar, troquer la cigarette par des carrés de chocolat, méditer au réveil au lieu d’allumer votre smartphone… Soyez créatifs !
Vous faire plaisir autrement
Les substances psychoactives et les comportements addictifs activent la sécrétion de dopamine, l’hormone du plaisir. Résultat : votre cerveau associe la consommation à une sensation positive et en redemande.
Pour contrer ce mécanisme, réapprenez à vous faire plaisir sans ces béquilles artificielles. Petit-déjeuner équilibré, séance de sport, discussion avec un ami, bain chaud, jeu de société, massage… Identifiez ce qui vous fait vibrer et dopez naturellement votre circuit de la récompense !
Muscler votre volonté
La volonté est comme un muscle : plus on l’entraîne, plus il se renforce. Fixez-vous des petits défis et soyez constant dans l’effort.
Par exemple, tenir 10 minutes de plus avant de céder à une envie, ne pas succomber aux sollicitations d’un ami, augmenter progressivement les jours d’abstinence… Félicitez-vous à chaque palier franchi et restez concentré sur votre objectif. Chaque petite victoire compte !
Trouver du soutien
Vous n’êtes pas seul dans ce combat. N’ayez pas peur de solliciter l’aide de vos proches. Parlez-leur de vos difficultés, demandez-leur de ne pas vous tenter, de vous changer les idées quand le manque se fait sentir.
Il peut aussi être bénéfique d’échanger avec d’autres personnes ayant vécu les mêmes problématiques, en participant à des groupes de parole par exemple. Le partage d’expériences est précieux. Cela montre que l’on peut s’en sortir !
Prendre soin de vous
Votre santé physique et mentale doit être votre priorité. Adoptez un mode de vie sain : alimentation équilibrée, activité physique régulière, temps de sommeil suffisant, moments de détente… Un organisme en bonne santé sera plus armé pour affronter le sevrage.
Apprenez aussi à vous préserver émotionnellement. Fixez des limites avec votre entourage, osez dire non, accordez-vous des plages rien qu’à vous. Exprimez vos sentiments.