La perte de mémoire est l’un des symptômes les plus préoccupants auxquels peuvent être confrontés les personnes âgées et leurs proches. Que ce soit dû au vieillissement normal, à des troubles cognitifs légers ou à une maladie neurodégénérative comme Alzheimer, voir un être cher perdre ses souvenirs et ses repères est une épreuve difficile. Pourtant, il existe de nombreuses façons d’aider une personne qui perd la mémoire à préserver son autonomie et sa qualité de vie le plus longtemps possible. Cela passe par un accompagnement bienveillant au quotidien, la stimulation cognitive, le maintien des liens sociaux et l’adoption d’une bonne hygiène de vie. Voici des conseils concrets pour épauler un proche touché par des troubles de la mémoire.
Comprendre les causes et l’évolution de la perte de mémoire
Il est important de bien cerner l’origine des troubles pour adapter sa prise en charge. La perte de mémoire n’est pas toujours synonyme de démence. Elle peut être liée :
- Au vieillissement normal : avec l’âge, un certain déclin des performances cognitives est inévitable. Sans être pathologique, il engendre un ralentissement du traitement des informations et des oublis bénins.
- À un trouble cognitif léger : l’altération de la mémoire est plus marquée que la normale sans retentir sur l’autonomie. Un suivi est nécessaire car le risque d’évoluer vers une démence est accru.
- À des causes curables : une carence en vitamine B12, une dépression, une consommation excessive d’alcool ou de médicaments sont des facteurs aggravants sur lesquels on peut agir.
- À une maladie d’Alzheimer débutante ou une autre forme de démence comme la démence vasculaire ou à corps de Lewy. L’évolution sera alors progressive sur plusieurs années.
Seul un médecin pourra poser un diagnostic après un bilan approfondi (tests neuropsychologiques, imagerie cérébrale…). Il est important de consulter dès les premiers signes, sans minimiser les symptômes. Un suivi régulier permettra d’évaluer la progression des troubles et d’adapter la prise en charge.
Adopter une communication bienveillante
Les difficultés de mémoire et d’expression peuvent compliquer les échanges avec la personne malade. Voici quelques conseils pour établir une communication fluide et positive :
- Parlez lentement et distinctement, avec des phrases courtes et simples.
- Privilégiez les questions fermées (qui appellent une réponse par oui ou par non).
- Laissez le temps nécessaire pour répondre sans finir les phrases à sa place.
- Regardez votre interlocuteur dans les yeux et appelez-le par son prénom pour capter son attention.
- Utilisez le langage non verbal (sourires, gestes, contact physique doux) pour appuyer vos propos.
- Évitez de contredire la personne même si ses propos sont incohérents. Orientez doucement la conversation.
- Si vous n’êtes pas compris, reformulez avec d’autres mots sans vous énerver.
- Préférez l’humour à l’agacement pour dédramatiser les oublis ou les répétitions.
Un ton de voix chaleureux, un débit calme et une attitude rassurante favoriseront des échanges apaisés et conviviaux. N’hésitez pas à évoquer des souvenirs anciens pour stimuler la mémoire émotionnelle, souvent mieux préservée.
Stimuler l’activité cognitive au quotidien
Miser sur les capacités préservées contribue à entretenir l’autonomie et l’estime de soi. La stimulation des fonctions cognitives, à travers des activités adaptées et variées, a des effets bénéfiques prouvés :
- Jeux de société : mots croisés, puzzles, dominos, lotos… font travailler la mémoire, l’attention et le raisonnement de façon ludique.
- Loisirs créatifs : tricot, dessin, jardinage, chant, musique… sollicitent la motricité et la mémoire procédurale (des gestes, des savoir-faire).
- Ateliers mémoire : proposés par des orthophonistes, ergothérapeutes, ils permettent une prise en charge ciblée des troubles. Renseignez-vous auprès du CLIC ou structures spécialisées.
- Lecture : à voix haute ou silencieuse, elle entretient les capacités de langage et de compréhension.
- Conversations : les interactions sociales, autour de l’actualité ou de thèmes appréciés, stimulent la mémoire épisodique et favorisent le lien.
Choisissez des activités source de plaisir et valorisantes. Inutile de viser la performance, l’essentiel est d’exercer l’esprit avec régularité, dans une ambiance détendue. Encouragez et complimentez même en cas de difficulté.
Préserver l’autonomie dans les actes du quotidien
Maintenir un sentiment de contrôle et la capacité à réaliser seul certains gestes est primordial pour le moral et la dignité. Quelques aménagements simples facilitent l’autonomie :
- Établissez des repères visuels : étiquettes sur les placards, codes couleur, pictogrammes…
- Gardez les objets à leur place habituelle, en évidence, à portée de main.
- Simplifiez l’habillage avec des vêtements faciles à enfiler, fermetures scratch, chaussures adaptées.
- Sécurisez la salle de bain : tapis antidérapants, barres d’appui, siège de douche, température limitée…
- Prévoyez de la vaisselle incassable, des couverts à gros manche, un verre à bec verseur…
- Mettez en place un pilulier hebdomadaire pour la prise des traitements.
- Écrivez les consignes, rendez-vous, tâches à effectuer.
Laissez faire seul le plus longtemps possible, en supervisant discrètement. Intervenez avec tact en cas de difficulté, sans infantiliser. Concentrez-vous sur les capacités restantes plutôt que les pertes. Un petit coup de pouce au bon moment préserve souvent mieux l’autonomie qu’une aide excessive.
Maintenir une vie sociale épanouie
L’isolement et le repli sur soi sont des facteurs aggravants des troubles cognitifs. Les interactions sociales, au contraire, sont de puissants stimulants des fonctions cérébrales. Elles favorisent le sentiment d’appartenance, l’estime de soi et atténuent les symptômes dépressifs, fréquents en cas de perte de mémoire.
Encouragez votre proche à :
- Rendre visite à ses amis, inviter la famille, appeler ses proches.
- Participer à des activités de groupe : club senior, université du temps libre, association…
- Assister à des spectacles, conférences, exporter adaptés.
- S’investir dans une action bénévole ou citoyenne à la hauteur de ses capacités.
Organisez vous-même des temps conviviaux réguliers : goûters, repas de famille, jeux de société, sorties… Resserrez les liens dans la bonne humeur. Entourez-vous de personnes compréhensives et bienveillantes. Si besoin, faites appel à l’accueil de jour ou l’hébergement temporaire pour soulager les aidants et maintenir une vie sociale.
Promouvoir une bonne hygiène de vie
Adopter des comportements favorables à la santé globale et cérébrale est plus que jamais essentiel pour ralentir le déclin cognitif. Voici les piliers d’une « bonne hygiène de vie » :
- Activité physique régulière : la marche, la natation, la gymnastique douce oxygènent le cerveau et stimulent la plasticité neuronale. Visez 30 min par jour d’exercice modéré.
- Alimentation équilibrée : misez sur les fruits, légumes, poissons gras, huiles végétales, noix et graines, riches en antioxydants et acides gras bénéfiques au cerveau.
- Sommeil de qualité : dormez suffisamment (7 à 8h), avec des horaires réguliers. Instaurez un rituel apaisant au coucher.
- Gestion du stress : respirations profondes, relaxation, lecture, musique douce… Apprenez des techniques pour vous détendre au quotidien.
- Stimulation intellectuelle : casse-têtes, mots mêlés, sudokus, jeux de stratégie, lecture, apprentissage maintiennent le cerveau en éveil.
- Lien social préservé : les échanges et activités partagées entretiennent les fonctions cognitives et luttent contre la dépression.
Motivez votre proche à prendre soin de lui. Montrez l’exemple avec de bonnes résolutions à deux. Valorisez ses efforts et réussites. Un mode de vie sain et actif est le meilleur atout pour garder un cerveau en forme !
Adapter le lieu de vie
Avec l’évolution des troubles, le domicile peut devenir inadapté voire dangereux. Pour permettre le maintien à domicile dans de bonnes conditions, des aménagements sont parfois nécessaires :
- Supprimez les obstacles au sol (tapis, fils électriques…), dégagez les passages.
- Installez des rampes et barres d’appui pour les escaliers et la salle de bains.
- Renforcez l’éclairage, en particulier dans les zones à risque.
- Utilisez des barrières de lit si besoin, des détecteurs de mouvement dans les pièces principales.
- Condamnez l’accès à certaines pièces (cave, grenier) si elles présentent des dangers.
- Mettez hors de portée les produits toxiques, objets coupants, tranchants.
- Équipez la gazinière d’un dispositif de sécurité, débranchez les appareils électriques après utilisation.
En cas de risque de fugue, sécurisez l’accès extérieur. Pensez au bracelet d’identification avec coordonnées. Informez les voisins et commerçants de la situation pour une vigilance accrue.
N’hésitez pas à faire intervenir des professionnels (ergothérapie, travaux) pour une évaluation et des conseils personnalisés. Des aides techniques (téléassistance, chemin lumineux, domotique…) peuvent faciliter le quotidien.
Mettre en place des aides humaines
Lorsque vos propres capacités ou disponibilités ne suffisent plus à assumer l’accompagnement, il est important de passer le relais à des intervenants extérieurs. Plusieurs types d’aides peuvent être sollicités selon les besoins :
- Aide à domicile : pour l’entretien du logement, les courses, la préparation des repas… Elle soulage les proches et sécurise le quotidien.
- Auxiliaire de vie : en complément, pour la toilette, l’habillage, les transferts, la stimulation au domicile…
- Soins infirmiers : passage quotidien ou pluriquotidien pour les soins d’hygiène, de confort, surveillance de l’état de santé…
- Accueil de jour : pour des activités de groupe encadrées par des professionnels formés, permettant aux aidants de souffler.
- Hébergement temporaire : séjour de quelques jours à quelques semaines en établissement médicalisé pour soulager les aidants, rompre l’isolement…
Ces aides peuvent être mises en place de façon progressive, ponctuelle ou régulière selon l’évolution. Adressez vous au CLIC, CCAS, associations d’aide aux aidants pour constituer les dossiers de prise en charge financière (APA, aide sociale, caisses de retraite…).
Accepter le soutien extérieur est une démarche positive pour préserver votre santé et votre relation avec votre proche. Gardez du temps pour vous ressourcer et vaquer à vos propres activités. Participer à un groupe d’entraide ou de parole vous apportera un espace d’écoute et de compréhension mutuelle bénéfique.