Dans notre ère numérique, les entreprises de toutes tailles génèrent et stockent des quantités massives de données essentielles à leur fonctionnement au quotidien. Documents stratégiques, informations clients, données comptables et financières, propriété intellectuelle… Autant d’actifs numériques vitaux qu’il est impératif de protéger contre les risques de perte, de vol ou de destruction.
La perte de données peut en effet avoir des conséquences dévastatrices pour une entreprise: interruption d’activité, perte de productivité, atteinte à la réputation, poursuites judiciaires, amendes… Sans parler de l’impact financier direct lié à la récupération ou recréation des données perdues. Selon une étude d’IBM, le coût moyen d’une perte de données s’élève à 3,86 millions de dollars.
Face à ces risques, mettre en place une stratégie de sauvegarde solide est un must absolu pour toute entreprise responsable. L’objectif : s’assurer de pouvoir restaurer rapidement ses données en cas de besoin pour assurer la continuité de ses activités. Mais avec la multiplication des menaces et la croissance exponentielle des volumes de données, sauvegarder efficacement ses données est devenu un véritable défi.
Identifier les risques pour mieux protéger ses données d’entreprise
Avant de définir une stratégie de sauvegarde adaptée, il est essentiel de bien comprendre les différents risques qui pèsent sur les données de votre entreprise. Car les menaces sont multiples et peuvent venir de l’intérieur comme de l’extérieur de l’organisation.
1. Les menaces internes à l’entreprise
Contrairement aux idées reçues, la majorité des incidents de perte de données trouvent leur origine au sein-même de l’entreprise. Cela peut être dû à :
- Des erreurs humaines (suppression accidentelle de fichiers, perte d’appareils…)
- De la malveillance de collaborateurs mécontents
- De mauvaises pratiques (mots de passe faibles, accès non restreints aux données sensibles…)
- Des pannes matérielles (crash de disque dur, défaillance de serveur…)
2. Les cybermenaces externes
Avec l’augmentation de la cybercriminalité, les entreprises sont aussi de plus en plus ciblées par des attaques informatiques visant à dérober ou détruire leurs données. Parmi les principales menaces :
Rançongiciels (ransomwares) qui chiffrent les données et demandent une rançon
Logiciels malveillants (virus, chevaux de Troie…)
Attaques par déni de service qui rendent les données inaccessibles
Intrusions sur le réseau pour voler des données confidentielles
Hameçonnage (phishing) pour dérober des identifiants
3. Les risques physiques et environnementaux
Les données d’entreprise peuvent aussi être mises en péril par des événements imprévus comme :
Catastrophes naturelles (inondation, tremblement de terre, ouragan…)
Incendie, dégât des eaux dans les locaux
Vol de matériel contenant des données (ordinateurs, serveurs…)
Coupure prolongée d’électricité
Face à tous ces dangers, il est clair qu’une perte de données peut arriver à n’importe quelle entreprise à tout moment. D’où l’importance d’anticiper en mettant en place des sauvegardes régulières pour pouvoir restaurer ses données critiques rapidement et limiter l’impact sur son activité.
Les principes fondamentaux d’une bonne stratégie de sauvegarde
Bien que les technologies et supports évoluent, les bonnes pratiques en matière de sauvegarde de données d’entreprise restent les mêmes. Pour être efficace, votre stratégie de sauvegarde doit respecter certains principes clés :
1. Appliquer la règle du 3-2-1
Ce principe de base consiste à :
- Conserver au moins 3 copies de ses données
- Sur 2 supports différents (disque dur, bande, cloud…)
- Dont 1 copie hors site (dans le cloud ou stockage distant)
Cela permet de se prémunir contre les défaillances matérielles et de pouvoir restaurer ses données même en cas de sinistre sur le site principal.
2. Déterminer la fréquence des sauvegardes selon la criticité des données
Toutes les données n’ont pas besoin d’être sauvegardées à la même fréquence. Cela dépend de leur importance et du rythme auquel elles changent :
Pour les données vitales modifiées en continu, des sauvegardes quasi temps réel peuvent être nécessaires
Pour des données critiques évoluant quotidiennement, des sauvegardes quotidiennes sont recommandées
Pour des données stables et moins critiques, des sauvegardes hebdomadaires peuvent suffire
3. Tester régulièrement la restauration des sauvegardes
A quoi bon faire des sauvegardes si on n’est pas certain de pouvoir restaurer les données en cas de besoin ? Il est essentiel de tester périodiquement le bon fonctionnement du processus de restauration, dans des conditions proches d’un vrai sinistre. Cela permet de vérifier l’intégrité des sauvegardes et d’estimer le temps nécessaire pour retrouver ses données.
4. Respecter les exigences réglementaires en matière de protection des données
Les entreprises sont soumises à de nombreuses réglementations sur la protection des données personnelles (RGPD en Europe par exemple) et sur la conservation de certains documents (factures, contrats…). Votre stratégie de sauvegarde doit impérativement prendre en compte ces obligations légales, notamment concernant la durée de rétention, le chiffrement et la traçabilité des données sauvegardées.
5. Automatiser et monitorer le processus de sauvegarde
Pour éviter les oublis et gagner du temps, il est recommandé d’automatiser au maximum les tâches de sauvegarde à l’aide de scripts ou de logiciels dédiés. Le système doit aussi permettre de superviser l’état des sauvegardes en continu, afin d’être averti rapidement en cas d’échec et de pouvoir réagir avant qu’un incident ne survienne. Des rapports détaillés doivent être générés pour garder une trace des opérations.
️ Tour d’horizon des différentes solutions de stockage et sauvegarde
Pour mettre en pratique ces grands principes, les entreprises ont le choix entre différentes options de stockage, chacune avec ses avantages et inconvénients. Petit panorama des solutions les plus courantes sur le marché.
1. Disques durs externes ou NAS
Probablement la méthode de sauvegarde la plus répandue, les disques durs externes présentent l’avantage d’être peu coûteux, faciles à mettre en place et à transporter pour une sauvegarde hors-site. Pour plus de capacité et partager le stockage en réseau, un NAS (Network Attached Storage) composé de plusieurs disques peut être une bonne alternative.
Mais attention, les disques durs ont une durée de vie limitée et peuvent tomber en panne à tout moment. Il est donc crucial d’avoir plusieurs copies de sauvegarde sur différents disques. Il faut aussi penser à la sécurité physique en conservant les disques dans un endroit sûr, si possible dans un coffre ignifugé.
2. Bandes magnétiques
Même si elles peuvent sembler dépassées à l’ère du cloud, les bandes restent très utilisées par les entreprises pour la sauvegarde et l’archivage long terme des données. Elles offrent une grande capacité de stockage à faible coût. Et contrairement aux idées reçues, leur fiabilité et leur débit ont nettement progressé ces dernières années.
L’inconvénient majeur des bandes est la lenteur d’accès aux données, qui doivent être lues de façon séquentielle. Elles sont donc à réserver pour des données peu utilisées ou des sauvegardes à conserver sur le long terme. Comme pour les disques, il faut aussi prévoir un stockage sécurisé des bandes hors-site.
3. Stockage en cloud privé
De plus en plus prisé par les entreprises, le cloud privé consiste à externaliser son infrastructure de stockage chez un fournisseur, dans un environnement dédié et isolé. Les données sont hébergées sur des serveurs distants, dans des datacenters hautement sécurisés et accessibles à distance.
Cette approche présente de nombreux avantages : meilleure protection contre les sinistres, accès aux données garantie 24/7 où que l’on soit, simplification de la gestion… Mais le cloud privé a un coût non négligeable, avec des abonnements généralement assez élevés selon l’espace de stockage et les niveaux de service.
4. Stockage en cloud public
Encore plus flexible et évolutive, la sauvegarde dans le cloud public repose sur un modèle mutualisé où l’infrastructure est partagée entre de multiples clients. Des géants du web comme Amazon Web Services, Microsoft Azure ou Google Cloud proposent des solutions de stockage quasiment infinies, sans investissement initial et avec une facturation à l’usage.
Avec le cloud public, vous pouvez faire évoluer votre capacité de stockage à la hausse ou à la baisse en quelques clics en fonction de vos besoins. La contrepartie est un moindre contrôle sur l’infrastructure, ce qui peut poser problème pour les entreprises avec de fortes exigences de sécurité et conformité. Une vigilance particulière est donc de mise dans le choix du fournisseur et des options de protection des données.
Étapes clés pour élaborer un plan de sauvegarde solide
Maintenant que nous avons vu les grands principes et les solutions de sauvegarde, place à la pratique ! Voici une méthodologie en étapes pour bâtir une stratégie de sauvegarde efficace et adaptée aux besoins de votre entreprise.
1. Dresser l’inventaire de ses données
Avant toute chose, faites un état des lieux détaillé du patrimoine de données de votre entreprise :
Quelles sont les données vitales pour la continuité de votre activité ?
Où sont-elles stockées (serveurs, postes utilisateurs, cloud…) ?
Quel est leur volume et leur rythme de croissance ?
Qui y a accès et les utilise au quotidien ?
Ce recensement vous permettra de classifier vos données selon leur criticité et de hiérarchiser les priorités pour votre plan de sauvegarde.
2. Définir ses objectifs de sauvegarde et restauration
La seconde étape cruciale est de fixer des objectifs clairs et mesurables pour votre stratégie de sauvegarde, notamment en termes de :
RPO (Recovery Point Objective) : la perte de données maximale acceptable en cas d’incident. Il détermine la fréquence des sauvegardes.
RTO (Recovery Time Objective) : le temps maximal pour restaurer les données et revenir à une activité normale après un sinistre.
Durée de rétention : combien de temps conserver les données sauvegardées, selon leur nature et les exigences légales.
Ces indicateurs vont vous guider pour dimensionner votre infrastructure en fonction de vos impératifs métier et budgétaires.
3. Définir une architecture de sauvegarde combinant plusieurs solutions
Plutôt que de miser sur une seule technologie, la meilleure approche est souvent d’utiliser conjointement plusieurs types de sauvegarde de façon complémentaire :
Des sauvegardes à chaud sur disque dur/NAS, pour les données les plus critiques nécessitant un accès rapide,
Des sauvegardes à froid sur bandes pour l’archivage et le stockage long terme hors production,
Des sauvegardes dans le cloud (privé ou public) pour bénéficier d’un site distant hautement sécurisé et disponible.
L’idée est de tirer le meilleur parti des atouts de chaque support pour répondre au mieux à ses besoins.
4. Choisir une solution de sauvegarde adaptée
Que vous optiez pour une solution de sauvegarde sur site, externalisée ou les deux, prenez le temps de bien comparer les différentes offres du marché selon des critères clés comme :
Les caractéristiques techniques (débit, évolutivité, types de données supportées…)
Les niveaux de service (supervision, assistance 24/7, SLA…)
Les fonctionnalités de sécurité (chiffrement, droits d’accès, certifications…)
L’ergonomie de l’interface et la facilité d’utilisation
La tarification et le modèle de licence (achat/location, coût initial et récurrent)
Privilégiez si possible des standards ouverts et des solutions flexibles et évolutives pour vous adapter aux changements futurs des besoins et technologies.
5. Mettre en œuvre des mesures de sécurité renforcées
Puisqu’elles contiennent bien souvent des données sensibles, vos sauvegardes doivent être particulièrement bien protégées. La sécurité doit être pensée à tous les niveaux :
Sur le plan physique : en stockant les supports dans des locaux sûrs et en contrôlant les accès
Sur le plan logique : en chiffrant systématiquement les données sauvegardées, au repos comme en transit
En mettant en place des mécanismes forts d’authentification et de traçabilité pour auditer qui fait quoi
N’oubliez pas non plus de sensibiliser les utilisateurs aux bonnes pratiques et d’appliquer rigoureusement les politiques de sécurité.
6. Documenter et tester régulièrement son plan
Votre plan de sauvegarde doit être formalisé de A à Z dans des procédures claires et partagées avec toutes les parties prenantes. Ce document doit détailler les rôles et responsabilités de chacun, les processus de sauvegarde/restauration, les tests à mener…