Les Ouïghours, un peuple turcique musulman du Turkestan oriental (appelé « Xinjiang » par le gouvernement chinois), subissent depuis plusieurs années une répression de masse et un véritable génocide culturel orchestrés par les autorités chinoises. Enfermement arbitraire dans des camps de concentration, stérilisations et avortements forcés, travail forcé, destruction du patrimoine et des lieux de culte, interdiction des pratiques religieuses et culturelles, surveillance de masse, mariages forcés… La liste des exactions commises par le régime communiste chinois à l’encontre des Ouïghours est longue et glaçante.
Face à ce qui constitue probablement le pire crime contre l’humanité en cours au XXIe siècle, la communauté internationale semble impuissante, paralysée par les intérêts économiques et géopolitiques liés à la Chine. Pourtant, il est crucial que nous, citoyens du monde, élevions nos voix pour dénoncer ce génocide et agissions à notre niveau pour soutenir le peuple ouïghour. Chaque geste compte. Voici quelques pistes concrètes pour aider les Ouïghours et faire pression sur la Chine.
Comprendre la situation des Ouïghours
Avant toute chose, il est important de bien comprendre qui sont les Ouïghours et ce qu’ils subissent de la part du gouvernement chinois. Ce peuple turcophone et musulman d’Asie centrale vit depuis plus d’un millénaire dans la vaste région du Turkestan oriental, à l’extrême ouest de la Chine actuelle. Annexée par la Chine en 1949 qui l’a rebaptisée « Xinjiang » (« nouvelle frontière »), cette terre est riche en ressources naturelles et occupe une position stratégique au cœur des Routes de la Soie.
Depuis des décennies, les Ouïghours font face à une politique d’assimilation forcée et de répression croissante de la part de Pékin, qui considère toute expression identitaire, culturelle ou religieuse comme une menace séparatiste à éradiquer. Mais c’est véritablement à partir de 2016-2017 que la situation a basculé. Sous couvert de « lutte contre l’extrémisme », les autorités ont mis en place un système de surveillance totalitaire et de persécution de masse sans équivalent dans le monde.
Des centaines de milliers, voire plus d’un million de Ouïghours ont été envoyés dans un vaste réseau de camps de concentration extra-judiciaires officiellement appelés « centres de formation professionnelle ». Dans ces camps, les détenus sont soumis à de multiples formes de torture, à un endoctrinement politique et religieux intensif visant à leur faire renier leur identité, culture et foi. Privations, violences, viols, expérimentations médicales forcées font partie du quotidien.
En parallèle, un contrôle absolu de la population s’est abattu sur le Turkestan oriental : surveillance high-tech omniprésente, contrôles d’identité récurrents, restrictions de déplacement, fermeture des lieux de culte, interdiction des pratiques religieuses et culturelles… Les femmes ouïghoures sont victimes d’une campagne massive de stérilisations et d’avortements forcés pour réduire les naissances. Les enfants sont séparés de force de leurs parents pour être placés dans des pensionnats d’état.
Cette politique d’une brutalité inouïe vise à terme l’assimilation totale, voire la disparition pure et simple de l’identité ouïghoure. De nombreux experts n’hésitent plus à parler de génocide, ou du moins de crimes contre l’humanité. Ce que vivent les Ouïghours aujourd’hui n’est pas sans rappeler les heures les plus sombres du XXe siècle. Pourtant, malgré les alertes répétées des ONG, la réponse internationale reste très timide, en grande partie pour ne pas froisser le puissant régime de Pékin.
Informez-vous et parlez-en autour de vous
C’est un fait, la situation des Ouïghours reste encore trop méconnue du grand public, en particulier en Occident. Il est primordial de rompre le silence et l’indifférence autour de ce drame. Chacun à notre niveau, faisons connaître autour de nous le sort de ce peuple persécuté à travers des discussions, des posts sur les réseaux sociaux, des articles de blog, etc.
Pour cela, il est important de s’informer auprès de sources fiables. De nombreux médias internationaux comme la BBC, CNN, le New York Times, France24 ou Arte ont réalisé des enquêtes et des documentaires de qualité sur le sujet. Des ONG de défense des droits de l’homme comme Amnesty International ou Human Rights Watch proposent aussi des rapports détaillés. Il existe également plusieurs sites spécialisés sur la question ouïghoure comme le Uyghur Human Rights Project, le World Uyghur Congress ou le collectif Atlan Ouïghour.
N’hésitez pas à partager ces ressources autour de vous pour sensibiliser votre entourage à la cause ouïghoure. Postez sur Facebook ou Twitter des articles sur le sujet, parlez-en à vos amis et votre famille, organisez une projection-débat… Chaque action compte pour rompre le silence. Sans visibilité, sans pression de la société civile, les gouvernements continueront à fermer les yeux sur ce génocide.
Participez à des actions de mobilisation et signez les pétitions
Pour faire entendre la voix des Ouïghours, rien de tel que le nombre. Partout dans le monde, participez aux manifestations et rassemblements organisés par les associations de la diaspora ouïghoure ou les collectifs de soutien. Chaque rassemblement est l’occasion d’attirer l’attention des médias et des politiques sur cette tragédie.
Si aucune manifestation n’est prévue près de chez vous, vous pouvez aussi signer et partager les nombreuses pétitions en ligne qui circulent pour interpeller les gouvernements et les instances internationales. Rendez-vous notamment sur les sites de Change.org ou Avaaz.org qui recensent plusieurs pétitions sur les Ouïghours ayant déjà recueilli des centaines de milliers de signatures.
N’hésitez pas non plus à interpeller directement vos élus locaux et nationaux par mail ou courrier pour leur demander de se saisir de la question ouïghoure. Faites du lobbying citoyen pour que les parlementaires et le gouvernement de votre pays prennent des sanctions contre la Chine et soutiennent la cause ouïghoure sur la scène internationale. Plus les citoyens se mobiliseront, plus il sera difficile pour les responsables politiques de continuer à ignorer ce drame.
Boycottez les produits fabriqués par le travail forcé des Ouïghours
Un autre moyen concret d’agir est de boycotter les entreprises et les produits qui profitent du travail forcé des détenus ouïghours. Sous prétexte de « formation professionnelle », les autorités chinoises transfèrent en effet massivement des Ouïghours des camps vers des usines, au Xinjiang et dans toute la Chine. De nombreuses marques internationales, y compris françaises, se fournissent auprès de ces usines, se rendant ainsi complices de l’exploitation des Ouïghours.
Vérifiez bien l’origine des produits que vous achetez, en particulier dans les secteurs du textile, de l’électronique ou de l’agroalimentaire. Des ONG et des médias ont révélé l’implication de grandes marques comme Uniqlo, Zara, H&M, Apple, Samsung, Volkswagen ou encore Nestlé. Évitez leurs produits tant qu’ils ne changeront pas de pratiques. Interpellez ces entreprises sur les réseaux sociaux en utilisant des hashtags comme #ForcedLabourFashion ou #BoycottChina.
Vous pouvez aussi signer des pétitions et participer à des campagnes ciblées comme celles lancées par SumOfUs, Ethical Consumer ou Freedom United pour faire pression sur ces marques. Demandez à votre gouvernement de durcir la législation sur l’importation de produits issus du travail forcé et de sanctionner les entreprises complices des persécutions des Ouïghours. Agir avec son portefeuille, c’est envoyer un signal fort aux entreprises qui collaborent avec le régime chinois.
Faites un don aux associations de soutien aux Ouïghours
Vous pouvez aussi soutenir financièrement les associations qui viennent en aide aux Ouïghours dans le monde. Il existe de nombreuses ONG et organisations de la diaspora ouïghoure qui ont besoin de fonds pour pouvoir continuer leur combat pour la justice et la défense des droits de leur peuple.
Pensez par exemple à faire un don au World Uyghur Congress, qui fédère les associations de la diaspora dans le monde entier, ou au Uyghur Human Rights Project, qui documente les persécutions subies par les Ouïghours. En France, vous pouvez soutenir l’Institut Ouïghour d’Europe, qui mène un important travail de sensibilisation, ou l’association Soutien International aux Ouïghours, qui vient en aide aux réfugiés ouïghours en Turquie.
Chaque don, même modeste, peut faire la différence pour ces associations qui manquent cruellement de moyens face à un régime aussi puissant que la Chine. Vous pouvez faire un don ponctuel ou opter pour un soutien régulier en mettant en place un virement automatique. Vos dons leur permettront de continuer à enquêter, alerter, mobiliser et plaider la cause ouïghoure à travers le monde.
Accueillez et soutenez les réfugiés ouïghours
Plusieurs milliers d’Ouïghours ont réussi à fuir la répression et à trouver refuge à l’étranger, principalement en Turquie et en Asie centrale, mais aussi en Europe, aux États-Unis ou au Canada. Ces réfugiés et leurs familles ont plus que jamais besoin de notre solidarité. Si vous en avez la possibilité, participez à l’accueil de ces exilés ouïghours dans votre pays.
Vous pouvez par exemple vous porter volontaire auprès d’associations qui accompagnent les demandeurs d’asile et les réfugiés, faire un don de vêtements ou de nourriture, aider un réfugié dans ses démarches administratives… Le soutien peut aussi être moral, en créant des liens d’amitié, en les aidant à s’intégrer ou en les soutenant dans leur combat pour retrouver leurs proches disparus.
Si votre pays n’accueille pas encore de réfugiés ouïghours, interpellez votre gouvernement pour qu’il ouvre ses portes à ces victimes de persécution et qu’il facilite leur demande d’asile. Plaidez aussi pour que votre pays accorde sa protection consulaire aux Ouïghours de la diaspora, qu’il refuse d’extrader vers la Chine et qu’il délivre des visas humanitaires à ceux souhaitant fuir le Xinjiang. Chaque Ouïghour accueilli et protégé est une victoire contre le régime chinois.
En parler, encore et toujours
Face à un génocide de l’ampleur de celui que subissent les Ouïghours, on peut facilement ressentir un sentiment d’impuissance et de découragement. Il est tentant de se dire que nos actions individuelles ne changeront rien face à une dictature aussi puissante que la Chine. Mais c’est justement ce que le régime de Pékin espère : que le monde détourne le regard et laisse faire en silence.
Notre meilleure arme, c’est notre voix. Continuer à parler du sort des Ouïghours, encore et toujours. En parler à nos amis, notre famille, nos collègues. En parler sur les réseaux sociaux, dans nos conversations quotidiennes. En parler aux journalistes, aux élus, aux responsables politiques. Transformer chacun de nos actes quotidiens en un rappel que des crimes contre l’humanité sont en train de se produire.
Bien sûr, aucun de nos gestes ne fera tomber le régime chinois du jour au lendemain. Mais ils contribueront à maintenir la pression, à refuser la banalisation, à montrer notre solidarité au peuple ouïghour. Comme le dit un proverbe chinois, ce sont les petits ruisseaux qui font les grandes rivières
. C’est la somme de nos engagements individuels qui pourra, à terme, faire la différence.
Aujourd’hui plus que jamais, nous devons être la voix des Ouïghours. Leur tragédie est la tragédie de l’humanité toute entière. Fermer les yeux sur leur souffrance, ce serait renier les leçons d’un passé pas si lointain où le monde avait déjà laissé se produire l’indicible. Nous ne pouvons pas changer ce passé, mais nous pouvons agir sur le présent. Pour que jamais nous n’ayons à dire « Plus jamais ça ». Pour redonner espoir à un peuple qui lutte pour sa survie. Alors continuons le combat, sans relâche. Pour les Ouïghours, pour notre humanité.