Perdre son père est une épreuve douloureuse et déchirante. Au-delà de notre propre chagrin, nous devons aussi être présents pour notre mère qui traverse ce deuil difficile. Elle a perdu son compagnon de vie, celui avec qui elle a partagé tant d’années, de joies et de peines. Comment pouvons-nous l’aider à surmonter cette perte immense ? Quels mots choisir, quels gestes avoir envers elle dans ces moments où la tristesse et le vide semblent insurmontables ? Voici quelques conseils pour accompagner et soutenir votre mère endeuillée.
Comprendre les étapes du deuil
Avant tout, il est important de comprendre que le deuil est un processus long et complexe, qui se vit de manière unique pour chacun. Il n’y a pas de durée « normale » ni de façon « idéale » de faire son deuil. Votre mère passera par différentes étapes, à son rythme :
- Le déni : au début, il est difficile de réaliser et d’accepter la perte. Votre mère peut avoir l’impression que son mari est toujours là, elle peut continuer à lui parler…
- La colère : une fois la réalité de la mort comprise, un sentiment de révolte et d’injustice peut surgir. Votre mère peut en vouloir au destin, aux médecins, à Dieu…
- La négociation : c’est une phase de questionnement, avec beaucoup de « si seulement ». Votre mère peut culpabiliser, repenser au passé, imaginer ce qu’elle aurait pu faire différemment…
- La dépression : la tristesse prend toute la place, avec un sentiment de vide et de désespoir profond.
- L’acceptation : progressivement, votre mère apprendra à vivre avec l’absence, sans pour autant oublier son mari. La vie reprendra son cours, différemment.
Gardez à l’esprit que ces étapes ne se suivent pas de façon linéaire. Votre mère pourra passer de l’une à l’autre, revenir en arrière… C’est un cheminement sinueux, avec des hauts et des bas.
Être présent et à l’écoute
Dans ces moments douloureux, la chose la plus importante que vous puissiez faire pour votre mère est simplement d’être là. Montrez-lui qu’elle n’est pas seule, que vous êtes à ses côtés pour traverser cette épreuve.
Votre présence compte plus que vos paroles. Vous pouvez lui dire « Je suis là », « Je pense fort à toi »… Mais n’ayez pas peur des silences. Tenez-lui la main, prenez-la dans vos bras. Parfois, il n’y a pas de mot juste, seule la présence compte.
Soyez à l’écoute. Laissez votre mère exprimer sa peine, sa colère, ses regrets… sans jugement. Accueillez ses émotions, quelles qu’elles soient. Si elle pleure, dites-lui que c’est normal, que les larmes sont nécessaires. Ne cherchez pas à la consoler à tout prix ou à minimiser sa souffrance. Votre mère a le droit d’être triste, le droit de ne pas aller bien. Faites-lui sentir que vous comprenez et respectez son chagrin.
Évitez les phrases maladroites comme « C’est la vie », « Il ne souffre plus maintenant » ou « Sois forte ». Même si elles partent d’une bonne intention, elles peuvent être blessantes. Un simple « Je suis désolé » ou « Je suis là pour toi » sera plus réconfortant.
Parler du défunt
N’hésitez pas à parler de votre père avec votre mère. Évoquer des souvenirs heureux, dire combien il comptait pour vous… Contrairement à une idée reçue, parler du proche disparu n’amplifie pas la douleur, mais aide à avancer dans le deuil.
Votre mère a besoin de sentir que son mari ne sera pas oublié, que son souvenir reste vivant à travers vous. Regarder des photos, se remémorer des bons moments passés ensemble, rire de ses blagues ou de ses expressions… Tout cela fait du bien.
Bien sûr, la tristesse sera là aussi en repensant à lui. Des larmes seront sans doute versées. Mais pouvoir pleurer en évoquant la personne disparue est libérateur. C’est une façon de lui dire au revoir, progressivement.
Vous pouvez proposer à votre mère de choisir un objet appartenant à votre père, qui aura une valeur symbolique pour elle. Un vêtement imprégné de son odeur, sa montre, son alliance… Avoir près de soi un souvenir concret de l’être aimé est souvent un réconfort.
Proposer une aide concrète
Au-delà du soutien moral, votre mère aura besoin d’une aide matérielle et pratique pour affronter le quotidien. Son mari s’occupait peut-être de tâches qu’elle va devoir désormais assumer seule : démarches administratives, travaux dans la maison, gestion des comptes…
Proposez-lui votre aide, sans la lui imposer. Dites-lui par exemple : « Je me rends à la banque demain, je peux t’accompagner si tu veux » ou « Je passerai tondre la pelouse en début de semaine prochaine ».
Suggérez-lui de prendre un peu de temps pour elle : se reposer, voir des amis, avoir des activités agréables… En la déchargeant de certaines contraintes, vous l’aiderez à ne pas s’enfermer dans son chagrin.
Veillez cependant à respecter ses choix. Si elle souhaite continuer à s’occuper elle-même de la maison par exemple, n’insistez pas. Certaines tâches peuvent être importantes à ses yeux, comme une façon de préserver le souvenir de son mari.
Encourager l’expression des émotions
Chacun vit son deuil différemment. Certaines personnes extériorisent leur peine, quand d’autres la contiennent. Si votre mère a besoin de parler, de pleurer, de crier… encouragez-la à le faire sans retenue.
Chez les personnes pudiques, intériorisant leurs émotions, le deuil peut être plus difficile car la souffrance reste enfermée. Si c’est le cas de votre mère, essayez de l’inviter en douceur à se livrer, sans la brusquer.
Vous pouvez lui proposer d’écrire ce qu’elle ressent dans un carnet, de s’adresser à son mari disparu dans une lettre… L’écriture permet de mettre des mots sur la perte, de faire sortir le chagrin autrement que par la parole.
La création artistique (peinture, musique, modelage…) peut aussi être une voie pour exprimer ses émotions lorsque les mots sont trop difficiles. Proposez à votre mère ce type d’activité si elle est sensible à l’art.
Si vraiment votre mère n’arrive pas à extérioriser sa peine, conseillez-lui avec tact de consulter un psychologue. Un professionnel saura l’aider à vivre ce deuil, là où parfois la famille peut se sentir impuissante.
Respecter son rythme
Certaines personnes ont besoin de réaliser des rituels, des gestes symboliques, pour accepter la perte : se rendre régulièrement sur la tombe, allumer une bougie à certains moments de la journée, porter un vêtement du défunt…
D’autres au contraire veulent se détacher des objets rappelant le disparu et préfèrent se concentrer sur l’avenir. Elles peuvent souhaiter faire rapidement don des affaires de la personne décédée, changer le mobilier de la maison…
Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise façon de vivre son deuil. Respectez les choix de votre mère, même s’ils diffèrent des vôtres. Si elle souhaite parler de son chagrin pendant des heures, écoutez-la avec patience. Si à l’inverse elle a besoin de se changer les idées, proposez-lui des sorties, des activités.
Acceptez que le deuil prenne du temps et que votre mère ne redevienne pas comme « avant ». Elle devra apprendre à vivre différemment, sans son mari à ses côtés. Votre rôle est de l’accompagner sur ce chemin, à son rythme, sans jugement.
Prendre soin de soi
Etre présent pour sa mère endeuillée est primordial, mais n’oubliez pas de prendre aussi soin de vous. Vous traversez vous aussi une période douloureuse, vous avez le droit d’être triste, en colère ou perdu.
Ne vous sentez pas coupable de ressentir parfois de l’impatience ou de l’agacement devant la peine de votre mère. Il est normal d’être démuni face au chagrin d’un proche et de ne pas toujours savoir comment réagir.
Votre deuil est aussi important que celui de votre mère. Ne le mettez pas de côté sous prétexte de devoir être fort pour elle. Pleurez quand vous en avez besoin, parlez de votre père, de votre souffrance.
N’hésitez pas à vous entourer, à demander de l’aide à vos proches. Vous n’avez pas à porter seul le poids de ce deuil et à soutenir votre mère sans relâche. Passez du temps avec des amis, accordez-vous des moments de répit, faites des activités qui vous font du bien.
Si vous sentez que vous croulez sous le chagrin, que la situation avec votre mère devient trop lourde à gérer, pensez à consulter vous aussi un psychologue. Ce n’est pas un signe de faiblesse mais une preuve de courage de se faire aider dans ces moments-là.
Garder espoir
Aussi insurmontable que paraisse la douleur aujourd’hui, ayez confiance : votre mère apprendra à vivre avec ce deuil. Elle ne sera plus la même qu’avant, une part d’elle sera toujours endeuillée… Mais la vie reprendra progressivement ses droits.
Votre père restera vivant dans vos mémoires, dans vos cœurs. Sa présence perdurera à travers les souvenirs, les valeurs qu’il vous a transmises, les moments heureux gravés en vous. Parlez de lui, évoquez-le avec tendresse et fierté. Riez ensemble de ses blagues, cuisinez ses plats préférés, poursuivez les traditions qu’il aimait…
Permettre à votre mère de rester connectée à votre père tout en avançant dans la vie : c’est sans doute le plus beau cadeau que vous puissiez lui faire. Continuez à prendre soin d’elle jour après jour, à l’entourer de votre affection. Ensemble, vous surmonterez cette épreuve.
Enfin, n’oubliez pas que le deuil n’est pas un long fleuve tranquille. Il y aura des rechutes, des moments de grande tristesse qui resurgiront même longtemps après la perte. Certaines dates (anniversaires, fêtes…) raviveront la douleur. C’est normal et c’est sain de laisser la peine s’exprimer de nouveau. Votre mère aura alors encore et toujours besoin de vous.
Aidez votre mère à apprivoiser ce deuil, sans chercher à le refermer trop vite. Laissez-lui le temps d’explorer tous les visages de son chagrin : le manque, la colère, la culpabilité, les regrets, la révolte… pour mieux laisser ensuite la lumière revenir. Acceptez qu’elle ait des hauts et des bas, qu’elle puisse rire à nouveau puis s’effondrer l’instant d’après.
Soyez là, simplement. Avec patience, bienveillance et amour. Votre mère sait au fond d’elle qu’elle peut compter sur vous, dans les bons et les mauvais jours. Cette certitude l’aidera, pas à pas, à surmonter cette terrible épreuve.
Vous traversez tous les deux une période de vie très difficile. En étant présent l’un pour l’autre, en laissant les émotions se vivre pleinement, vous parviendrez à apprivoiser ce deuil. Non pas à le dépasser, ni à l’oublier… Mais à apprendre à vivre avec. Votre père continuera à vivre dans vos cœurs, autrement. Et peu à peu, la vie reprendra ses droits, sans jamais l’effacer.
Conclusion
Perdre son père est une épreuve déchirante, à tout âge. Être présent pour sa mère dans ce moment douloureux est essentiel, mais pas toujours facile. Entre la peur de mal faire, la difficulté à trouver les mots et le poids de sa propre peine, on peut vite se sentir démuni.
L’essentiel est d’accepter qu’il n’y a pas de « bon » deuil. Votre mère vivra cette perte à sa façon, avec ses hauts et ses bas. Votre rôle est de la soutenir sur ce chemin sinueux, de faire preuve de patience et de compréhension.