Vous venez de trouver un oiseau blessé et vous vous demandez quoi faire pour lui venir en aide ? Pas de panique, suivez les conseils de ce guide complet rédigé par un expert pour savoir comment réagir face à un oiseau en détresse et lui apporter les premiers soins en attendant de le confier à un centre de sauvegarde spécialisé. Que l’oiseau soit un oisillon tombé du nid, une mésange s’étant cognée contre une vitre ou un rapace de proie affaibli, voici toutes les étapes à suivre pour maximiser ses chances de survie et lui permettre de retrouver son milieu naturel.
Étape 1 : bien analyser la situation avant d’intervenir
Face à un oiseau au sol, le premier réflexe est souvent de vouloir lui porter secours immédiatement. Pourtant, il est essentiel de prendre le temps d’observer la situation avant toute intervention pour s’assurer que l’animal est réellement en détresse. En effet, un oisillon au sol n’est pas forcément abandonné et un oiseau immobile n’est pas systématiquement blessé.
Cas des oisillons
Au printemps et en été, il est fréquent de découvrir des oisillons au sol, ne sachant pas encore bien voler. La plupart du temps, ils viennent juste de quitter le nid et sont encore nourris par leurs parents, même s’ils se trouvent à terre. Voici comment réagir selon leur stade de développement :
- Pour un oisillon en duvet ou peu emplumé : s’il n’est pas blessé, replacez-le dans son nid s’il est intact. Sinon, confectionnez un nid de substitution avec un panier tapissé d’herbe sèche et placez-le en hauteur près de l’endroit de découverte. Surveillez ensuite discrètement le retour des parents.
- Pour un oisillon bien emplumé mais ne sachant pas voler : laissez-le sur place, il est normal qu’il passe quelques jours au sol avant de prendre son envol. S’il se trouve dans un endroit exposé (proximité d’une route, de chats), déplacez-le de quelques mètres dans un lieu plus abrité (haie, buisson).
Autres cas
Hors période de nidification, si un oiseau reste immobile au sol à votre approche, il est probablement affaibli, malade ou blessé. Seul un oiseau en incapacité de s’enfuir a besoin d’aide. Les principales causes de détresse chez les oiseaux sont :
- Une collision avec une vitre, une voiture ou des fils électriques
- Une attaque de chat domestique (très graves même sans plaies apparentes)
- Une maladie comme le botulisme qui paralyse les oiseaux d’eau en été
- Un épuisement lié à la migration, à un manque de nourriture ou au froid
- Une intoxication par des pesticides ou du plomb (saturnisme des rapaces)
Étape 2 : capturer l’oiseau blessé en toute sécurité
Une fois que vous avez la certitude que l’oiseau est bien en détresse, vous pouvez intervenir pour le mettre en sécurité et le protéger de ses prédateurs. Mais attention, capturer un oiseau sauvage effrayé et souffrant est délicat et requiert quelques précautions.
Équipez-vous
Pour manipuler un oiseau blessé en toute sérénité, munissez-vous de :
- Gants épais pour vous protéger des griffes et du bec, surtout dans le cas de rapaces
- Tissu opaque (serviette, drap) pour recouvrir la tête de l’oiseau et le calmer
- Boîte en carton de taille adaptée, percée de trous d’aération
- Papier journal pour tapisser le fond de la boîte
- Sac en tissu de type sac à pain
Attrapez l’oiseau
Approchez-vous doucement de l’oiseau par derrière ou de côté pour ne pas l’effrayer. Couvrez-le rapidement avec le tissu et enveloppez-le dedans pour limiter les mouvements de panique et de défense. Saisissez-le fermement en immobilisant les ailes repliées contre le corps. Vous pouvez aussi utiliser la technique du sac en tissu :
- Placez le sac ouvert au sol devant l’oiseau
- Rabattez-le délicatement par dessus en le bloquant
- Retournez rapidement le sac avec l’oiseau à l’intérieur
- Fermez le sac en laissant la tête de l’oiseau dehors
Installez l’oiseau
Déposez délicatement l’oiseau dans la boîte en carton. Si possible, repliez ses ailes dans la position naturelle avant de refermer. Pour un gros oiseau, maintenez ses pattes vers l’arrière du corps. Fermez bien la boîte et placez-la dans un endroit calme, tempéré et sombre pour tenir l’oiseau au chaud et limiter son stress. Isolez-le aussi des animaux domestiques.
Étape 3 : examiner l’oiseau et prodiguer les premiers soins
Vous pouvez maintenant procéder à un examen rapide de l’oiseau pour identifier ses blessures éventuelles et lui apporter les premiers soins, sans remplacer une prise en charge vétérinaire.
Évaluer son état général
Observez la posture, le comportement et l’état général de l’oiseau blessé :
- Reste-t-il prostré au fond de la boîte, l’œil fermé ?
- Semble-t-il désorienté, en état de choc ?
- Respire-t-il difficilement, le bec ouvert ?
- Ses plumes sont-elles ébouriffées, tachées, collées ?
- Présente-t-il des signes d’amaigrissement ?
Rechercher des blessures
Inspectez soigneusement son corps à la recherche de blessures apparentes :
- Plaies, lacérations, morsures de chat
- Fractures ouvertes ou déformations des ailes, des pattes
- Hémorragies au niveau des plumes arrachées, du bec
- Corps étrangers fichés dans le corps (hameçon, flèche)
- Traces de brûlures, d’électrocution ou de mazoutage
Prodiguer les premiers soins
Vous pouvez apporter des soins basiques à l’oiseau blessé pour stabiliser son état :
- En cas d’hémorragie, comprimez la plaie avec une gaze et appliquez un pansement. Pour arrêter un saignement de plume ou de griffe, utilisez un hémostatique naturel comme la farine ou la maïzena.
- Retirez délicatement les corps étrangers superficiels avec une pince à épiler. Ne tentez pas d’extraire un hameçon coincé, un vétérinaire s’en chargera.
- Nettoyez les plaies avec un antiseptique doux (Chlorhexidine diluée, Biseptine). N’utilisez pas d’alcool, d’éther ou d’eau oxygénée. Évitez aussi les pommades et les poudres cicatrisantes inadaptées.
- Dans le cas de plaies profondes, de fractures ou de blessures dont vous ignorez la gravité, contentez-vous de mettre l’oiseau au calme. Seul un examen vétérinaire permettra de poser le bon diagnostic.
Quelques conseils en plus :
- Ne forcez jamais un oiseau à boire ou manger. En cas de déshydratation, le vétérinaire pourra lui poser une perfusion.
- Pour un oisillon, vous pouvez proposer de la pâtée spéciale pour oisillons à la seringue toutes les 30-60 minutes. Sinon, abstenez-vous de nourrir un oiseau affaibli sans avis médical.
- Ne donnez ni lait, ni pain, ni eau sucrée à un oiseau. Le lait est mal digéré, le pain gonfle dans l’estomac et le sucre favorise les infections.
Étape 4 : contacter un centre de sauvegarde
Votre oiseau blessé est maintenant prêt à être pris en charge par des spécialistes. Contactez rapidement le centre de soins pour oiseaux sauvages le plus proche. Plus vite il sera admis, meilleures seront ses chances de survie et de relâcher.
Trouver un centre
Plusieurs solutions s’offrent à vous pour localiser un centre de sauvegarde de la faune sauvage :
- Consultez l’annuaire des centres de soins français du Réseau des centres de soins faune sauvage
- Contactez la LPO (Ligue pour la Protection des Oiseaux) via son numéro d’urgence national au 07 76 46 83 74
- Appelez un vétérinaire local en espérant qu’il accepte les espèces sauvages
- Les pompiers et les mairies tiennent aussi des listes de centres agréés
Attention, les centres de soins pour la faune sauvage sont peu nombreux et souvent débordés. Contactez-les avant de vous déplacer et décrivez-leur le cas pour vous assurer qu’ils pourront prendre en charge votre oiseau.
Transporter l’oiseau blessé
Une fois le centre de sauvegarde prévenu, apportez-lui l’oiseau le plus rapidement possible. Pour le transport, quelques conseils :
- Utilisez toujours un carton fermé avec des trous, jamais une cage ou un filet dans lesquels l’oiseau risquerait de se blesser
- Calez bien la boîte pour limiter les secousses et tenez-la à l’abri du soleil et de la chaleur
- Restez à distance de la boîte pendant le voyage pour minimiser le stress de l’animal
- Ne transportez qu’un seul oiseau à la fois pour éviter tout risque de contamination entre espèces
Le devenir des oiseaux soignés
Grâce à votre aide, l’oiseau blessé va pouvoir bénéficier de tous les soins nécessaires à son rétablissement. Les centres de sauvegarde jouent un rôle essentiel dans la préservation de l’avifaune en danger.
Des soins de professionnels
Dans ces centres spécialisés, les oiseaux en détresse sont pris en charge par des professionnels :
- Un examen vétérinaire complet est réalisé à l’admission pour établir un diagnostic précis. L’oiseau est bagué pour faciliter son suivi.
- Il reçoit tous les soins médicaux dont il a besoin : traitements médicamenteux, chirurgie, pansements, rééducation…
- Il bénéficie d’un hébergement adapté à ses besoins : volière de convalescence en intérieur puis d’entraînement en extérieur, alimentation spécifique, cohabitation avec ses congénères…
- Sa remise en liberté est soigneusement préparée : choix d’un site sécurisé, aménagement d’un support de lâcher, suivi télémétrique éventuel…
Des résultats encourageants
Le taux de réussite des centres de sauvegarde varie selon les espèces et la gravité initiale des blessures. Mais les statistiques sont plutôt positives :
- Jusqu’à 70% des oiseaux soignés retrouvent la liberté après quelques jours ou semaines de soins selon la LRBPO (Ligue Royale Belge pour la Protection des Oiseaux).
- Le pourcentage de relâcher grimpe à 80-85% pour les oisillons recueillis selon la LPO.