L’immaturité émotionnelle est un défi que beaucoup rencontrent dans leurs relations, que ce soit avec un conjoint, un ami, un collègue ou un membre de la famille. Bien que cela puisse être frustrant de côtoyer une personne qui semble bloquée dans des réactions enfantines, avec de la compréhension et les bonnes stratégies, il est possible de les aider à cheminer vers plus de maturité. Cet article explorera en profondeur ce qu’est l’immaturité émotionnelle, ses causes et manifestations, ainsi que des conseils concrets pour accompagner une personne immature vers une meilleure gestion de ses émotions et un épanouissement relationnel.
Comprendre l’immaturité émotionnelle
On parle d’immaturité émotionnelle lorsqu’une personne adulte présente des comportements, réactions et modes de pensée normalement associés à ceux d’un enfant ou d’un adolescent. La personne peine à réguler et exprimer ses émotions de façon appropriée pour son âge, manque d’autonomie affective et éprouve des difficultés dans ses interactions sociales.
L’immaturité affective découle généralement de blessures ou carences émotionnelles vécues pendant l’enfance. Des chocs émotionnels précoces comme la perte d’un parent, de la maltraitance ou un attachement défaillant peuvent entraver le développement psycho-affectif normal. L’enfant n’a alors pas pu acquérir les compétences émotionnelles et relationnelles attendues à chaque stade de développement et se retrouve, une fois adulte, avec des modes de fonctionnement infantiles.
L’immaturité intellectuelle quant à elle se caractérise par une difficulté à appréhender les situations de façon nuancée, à prendre des décisions réfléchies et à tenir des engagements. Le manque de maturité intellectuelle se manifeste aussi par une pensée peu structurée, un jugement et un sens critique limités, ainsi qu’une tendance à l’impulsivité. Immaturité intellectuelle et affective sont souvent liées.
Repérer une personne émotionnellement immature
Une personne immature émotionnellement tendra à afficher plusieurs des signes suivants :
- Un égocentrisme marqué : elle pense surtout à ses propres besoins et désirs, peine à se mettre à la place d’autrui.
- Un grand besoin d’attention et de validation : elle recherche constamment l’approbation et l’admiration des autres.
- Une faible tolérance à la frustration : elle supporte mal les contrariétés, vit tout refus comme un drame.
- Une tendance à rejeter la faute sur les autres : elle ne reconnait pas sa part de responsabilité dans les conflits.
- Une instabilité émotionnelle : elle alterne rapidement entre des hauts et des bas, au gré de ses humeurs.
- Des réactions disproportionnées : elle s’emporte pour un rien, fond en larmes ou claque la porte au moindre désaccord.
- Une dépendance affective : elle a un grand besoin de fusion dans ses relations et craint plus que tout la solitude.
- Une difficulté à gérer ses pulsions : elle agit souvent de façon impulsive, sans anticiper les conséquences.
Lorsque plusieurs de ces signes sont réunis, il y a fort à parier que l’on a affaire à une immaturité psycho-affective. Cela ne signifie pas que la personne est « méchante » ou le fait exprès, mais qu’elle se trouve en grande difficulté pour maitriser ses émotions et entretenir des relations sereines.
Les conséquences de l’immaturité dans les relations
L’immaturité émotionnelle de l’un des partenaires impacte inévitablement la qualité et la stabilité du couple. Les crises et conflits à répétition, nés des réactions disproportionnées de l’immature, mettent la relation sous haute tension.
Le conjoint mature en vient souvent à endosser un rôle parental, devant contenir les débordements émotionnels de l’autre, gérer ses frustrations, le rassurer sans cesse. Cette position est épuisante et crée beaucoup de ressentiment à la longue. D’autant que la personne immature, de son côté, vit cette attitude comme infantilisante et rejetante.
Beaucoup de couples implosent ainsi sous le poids de ces dynamiques toxiques. Un conjoint lassé de jouer les parents finit par partir, tandis que l’immature vit cette séparation comme un abandon, ce qui le conforte dans ses blessures d’enfant non aimé. Un cercle vicieux qui peut le conduire à reproduire le même schéma dans ses relations futures.
Dans les relations amicales ou professionnelles, l’immaturité émotionnelle crée aussi son lot de difficultés. L’égocentrisme et le côté « bouillant » de la personne immature engendrent souvent des conflits et une atmosphère pesante. Ses collègues et amis finissent par prendre leurs distances, lassés par son impulsivité et ses drames perpétuels. L’immature se sent alors incompris, rejeté, ce qui le blesse encore davantage.
Aider une personne immature sur le plan émotionnel
Comment alors aider un proche souffrant d’immaturité affective à évoluer vers plus de maturité ? Voici quelques principes et attitudes à adopter :
1. Prendre du recul
Avant toute chose, prenez du recul et ne vous laissez pas happer par les réactions émotionnelles excessives de votre proche immature. Sa colère, ses larmes ou son excitation ne doivent pas devenir les vôtres. Restez ancré dans votre calme intérieur, votre rationalité. C’est depuis ce socle stable que vous serez le plus à même de l’aider.
Respirer profondément, prendre de la distance physique le temps que la tempête se calme, vous remémorer que son attitude n’est pas contre vous, sont autant de façons de garder votre sérénité. Ainsi, vous pourrez accueillir ses émotions avec bienveillance tout en maintenant vos limites.
2. Verbaliser ses émotions
Les personnes immatures émotionnellement ont en général peu de vocabulaire pour identifier et exprimer leurs ressentis. Ils réagissent impulsivement car ils ne savent pas comment dire ce qui les affecte. Pour les aider, mettez des mots sur ce que vous percevez de leurs émotions.
Par exemple : « Je vois que ce que je viens de dire t’a blessé, tu as l’air triste et en colère », « Ce qui vient de se passer semble t’avoir beaucoup stressé et déstabilisé ». Nommez ainsi avec tact et empathie leurs émotions, sans jugement. Aidez-les à développer leur vocabulaire émotionnel. Petit à petit, ils sauront mieux identifier leurs ressentis et les partager de façon adéquate.
3. Valider leurs émotions tout en recadrant leurs réactions
Il est important de reconnaître et valider les émotions de la personne immature, même si ses réactions vous semblent disproportionnées. L’émotion en elle-même n’est jamais un problème, c’est la façon de l’exprimer qui peut être inadaptée.
Vous pouvez dire par exemple : « Je comprends que tu te sentes vexé et en colère. C’est normal d’être contrarié dans une telle situation. Par contre, crier et claquer la porte n’est pas une façon acceptable de le montrer. Essayons plutôt de nous parler calmement. » Ainsi, vous accueillez son émotion avec empathie tout en recadrant fermement l’attitude inadéquate.
4. Encourager l’expression des besoins
Derrière les réactions émotionnelles excessives de l’immature, se cachent en général des besoins inassouvis : besoin de reconnaissance, de sécurité affective, de valorisation, d’attention… Aidez votre proche à identifier et exprimer ses besoins de façon claire et constructive.
Vous pouvez demander : « Qu’est-ce qui te fâche précisément ? De quoi aurais-tu besoin pour te sentir mieux dans cette situation ? » En l’amenant ainsi à réfléchir sur ses besoins, vous l’aiderez à sortir de la réaction impulsive pour aller vers une réponse plus réfléchie et mature. Vous lui montrez aussi qu’il est possible d’obtenir satisfaction autrement qu’en faisant des caprices.
5. Poser des limites claires avec bienveillance
Malgré toute votre compréhension et votre compassion, il est primordial de poser des limites claires face aux comportements immatures inacceptables comme l’agressivité, le chantage affectif ou la manipulation. Si vous tolérez tous les débordements, votre proche ne sera pas incité à changer.
Dites-lui par exemple : « Je comprends ta frustration mais je ne peux pas accepter que tu me parles sur ce ton. Je mets fin à la discussion pour le moment et nous reprendrons lorsque tu te seras calmé. » Vos limites doivent être exprimées fermement, calmement et appliquées avec constance. Associez-les toujours à une attitude bienveillante, pour que votre proche ne les perçoive pas comme une punition mais comme un cadre sécurisant et une marque de respect mutuel.
6. Renforcer ses progrès et comportements matures
Valorisez chaleureusement votre proche lorsqu’il fait preuve de maturité émotionnelle. Plus vous soulignerez et encouragerez ses progrès, plus vous l’inciterez à reproduire ces nouveaux comportements.
Par exemple : « Je suis très touché que tu te sois excusé pour ton emportement de tout à l’heure. C’était très mature de ta part et je suis fier de toi ». Ou encore : « Merci d’être venu m’expliquer calmement ce qui n’allait pas pour toi dans cette situation. C’était constructif et ça m’a permis de mieux te comprendre. »
En mettant ainsi en lumière avec enthousiasme la moindre de ses évolutions, vous renforcerez sa confiance en lui et sa motivation à adopter ces nouveaux comportements.
7. Prendre soin de votre relation
Votre proche immature a avant tout besoin de se sentir en sécurité affectivement auprès de vous pour oser s’aventurer hors de ses réactions enfantines. Rassurez-le donc régulièrement sur votre affection, votre soutien et votre engagement à son égard.
Cultivez de beaux moments de complicité, d’échanges authentiques, de rires partagés. Focalisez-vous sur ses qualités, ses talents. Montrez-lui que votre amour, votre amitié ou votre estime sont inconditionnels. C’est ainsi qu’il pourra petit à petit lâcher ses vieux réflexes de frustration et d’insécurité affective pour déployer une maturité nouvelle.
Prendre soin de vous
Accompagner une personne immature vers plus de maturité est un chemin long et parfois éprouvant. Il est essentiel que vous preniez soin de vous en parallèle :
- Fixez des limites claires à ce que vous pouvez donner. Vous n’avez pas à endosser tous les rôles (parent, thérapeute, coach…). Votre rôle est d’être un soutien bienveillant, pas de tout prendre en charge.
- Veillez à vous ressourcer, physiquement et émotionnellement, en pratiquant régulièrement des activités qui vous font du bien. Sports, loisirs, temps avec des amis… Faites le plein d’énergie positive.
- Acceptez sereinement le rythme de progression de votre proche. Les changements seront graduels. Appréciez chaque petit pas sans vous focaliser sur le chemin qui reste à parcourir.
- N’hésitez pas à passer le relais à des professionnels (psychologue, thérapeute conjugal…) si l’immaturité de votre proche impacte trop lourdement votre relation ou votre bien-être. Un éclairage extérieur est souvent salutaire.
En conclusion
Aider une personne immature à gagner en maturité émotionnelle est un défi qui demande patience, empathie et discernement. En vous montrant à la fois ferme sur vos limites et bienveillant dans votre soutien, vous créez les conditions pour que votre proche développe de nouveaux comportements.
Gardez à l’esprit que changer des modes de fonctionnement ancrés depuis l’enfance prend du temps. Chaque petite victoire mérite d’être célébrée. Appréciez le chemin plus que la destination.
N’oubliez pas au passage de prendre soin de vous. Personne ne peut donner de façon inépuisable sans se remplir aussi.
Avec de la constance, de la douceur et un regard tourné vers le meilleur en votre proche, votre accompagnement portera ses fruits. Vous aurez le bonheur de le voir s’épanouir dans une nouvelle maturité relationnelle et émotionnelle, pour des liens plus sereins et épanouissants.