En tant que parent, grand-parent, ami ou proche d’un jeune adulte, il n’est pas toujours facile de savoir comment l’aider et le soutenir lorsqu’il traverse une période de difficultés psychologiques. Les défis auxquels sont confrontés les jeunes aujourd’hui sont nombreux : transition vers l’indépendance, relations interpersonnelles complexes, responsabilités professionnelles croissantes, quête de sens… Autant de facteurs qui peuvent fragiliser leur équilibre mental.
Face à la détresse d’un jeune qui nous est cher, notre premier réflexe est souvent de vouloir l’aider, de chercher des solutions pour soulager sa souffrance. Mais comment faire concrètement ? Quelles sont les attitudes à adopter et les erreurs à éviter ? Dans cet article, je partage avec vous mes réflexions et conseils, nourris par mon expérience personnelle ainsi que par les échanges que j’ai eus avec deux conseillers d’orientation spécialisés dans l’accompagnement des adolescents et jeunes adultes.
Reconnaître les signes de détresse psychologique
La première étape pour apporter son soutien à un proche en souffrance est d’être capable d’identifier les signaux d’alerte. Parmi les manifestations qui doivent attirer notre attention, on peut citer :
- Un changement notable d’humeur et de comportement : repli sur soi, irritabilité, perte d’intérêt pour ses activités habituelles…
- Une consommation excessive d’alcool ou de drogues
- Des troubles alimentaires ou du sommeil
- Des propos inquiétants avec des idées noires voire suicidaires
- Un désinvestissement scolaire ou professionnel
Il est crucial de prendre au sérieux ces symptômes et de ne pas les mettre sur le compte d’une simple « crise d’adolescence passagère ». Plus on intervient tôt, plus on a de chances d’éviter une dégradation de la situation.
Ouvrir le dialogue avec bienveillance
Une fois les difficultés repérées, il s’agit d’aller vers le jeune, de lui tendre la main pour l’inviter à se confier. Cela demande de faire preuve de délicatesse, d’empathie et de non-jugement. Quelques conseils pour établir une communication bienveillante :
- Choisir le bon moment et le bon endroit pour engager la discussion, dans un cadre calme et sécurisant
- Exprimer son inquiétude, dire qu’on a remarqué que quelque chose ne va pas
- Poser des questions ouvertes, laisser des silences pour permettre à l’autre de s’exprimer à son rythme
- Écouter attentivement, accueillir la parole de l’autre sans chercher à minimiser sa souffrance ni à lui faire la morale
- Proposer son aide et son soutien, sans l’imposer
L’essentiel est de faire sentir au jeune qu’il n’est pas seul, que l’on est là pour lui et que l’on comprend que c’est difficile pour lui en ce moment. C’est en instaurant un climat de confiance qu’on l’aidera progressivement à mettre des mots sur son mal-être.
Respecter l’autonomie du jeune
Lorsqu’on est témoin de la détresse d’un être aimé, notre tendance naturelle est de vouloir prendre les choses en main, de décider et d’agir à sa place. Pourtant, même si cela part d’une bonne intention, cette attitude peut paradoxalement desservir le jeune et renforcer son sentiment d’impuissance.
En effet, les jeunes adultes ont besoin de se sentir acteurs de leur vie, capables de faire leurs propres choix. Notre rôle est donc de les guider, de les conseiller, mais pas de tout contrôler pour eux. Quelques pistes pour soutenir leur autonomie :
- Les encourager à exprimer leurs émotions, leurs pensées, leurs envies
- Les aider à identifier leurs ressources et compétences
- Échanger avec eux sur différentes options possibles, en soulignant les avantages et inconvénients de chacune
- Valoriser leurs initiatives et efforts, même modestes
- Accepter qu’ils puissent faire des choix différents des nôtres
Bien sûr, cet équilibre entre soutien et respect de la liberté de choix est parfois compliqué à trouver. Cela demande du doigté, de la patience et de l’humilité. L’essentiel est de garder à l’esprit que ce qui compte, ce n’est pas d’apporter des réponses toutes faites mais d’aider le jeune à trouver ses propres solutions.
Orienter vers des ressources adaptées
En fonction de la nature et de l’intensité des difficultés rencontrées, il peut être nécessaire d’inciter le jeune adulte à se faire aider par des professionnels. Cela peut être vécu comme quelque chose d’angoissant, il est donc important d’en parler avec tact et pédagogie, en dédramatisant la démarche.
Différents types de structures et dispositifs peuvent être sollicités :
- Les Services Universitaires de Médecine Préventive (SUMP) qui proposent des consultations médicales et psychologiques
- Les Bureaux d’Aide Psychologique Universitaire (BAPU) avec des psychologues et psychiatres
- Les Maisons des Adolescents (MDA) qui accueillent les 11-25 ans
- Les Centres Médico-Psychologiques (CMP) avec des suivis ambulatoires
- Les associations spécialisées qui offrent de l’écoute et du soutien (Fil Santé Jeunes, SOS Amitié…)
Il peut être utile de se renseigner en amont sur les ressources existantes dans sa région pour pouvoir les suggérer le moment venu. N’hésitons pas non plus à nous faire accompagner dans nos questionnements, en échangeant par exemple avec le médecin traitant du jeune ou un conseiller d’orientation scolaire.
Intervenir en situation de crise
Malgré toute notre vigilance et nos efforts de prévention, il peut arriver que le jeune adulte traverse un épisode de crise aiguë avec des idées suicidaires. Ces situations sont particulièrement éprouvantes et déstabilisantes pour l’entourage. Quelques conseils pour y faire face :
- Évaluer le degré d’urgence et le risque de passage à l’acte imminent. En cas de danger vital, appeler le 15 ou le 112.
- Rester calme et à l’écoute malgré son inquiétude, éviter les réactions de panique qui pourraient aggraver le mal-être du jeune.
- Lui parler, essayer de créer un apaisement, l’inciter à exprimer ce qu’il ressent.
- Supprimer l’accès aux moyens potentiellement dangereux (médicaments, armes…) de manière discrète.
- Contacter un proche ou un professionnel pour ne pas rester seul dans la gestion de la crise.
Après le temps de l’urgence, il sera important de mettre en place un filet de sécurité autour du jeune (suivi médical rapproché, entretiens avec un psychologue, traitement médicamenteux si nécessaire…) Il faudra également prendre soin de soi en tant que proche aidant, en s’autorisant à passer le relais et à demander de l’aide pour éviter l’épuisement.
Comprendre les spécificités des jeunes d’aujourd’hui
Comme l’explique Jean-François Perron, conseiller d’orientation, les adolescents et jeunes adultes sont à une période charnière de leur développement, avec une maturation cérébrale encore en cours. Leurs capacités de raisonnement, de projection dans l’avenir et de prise de décision sont en pleine construction. Cela peut expliquer certaines attitudes d’instabilité ou d’irrésolution qui sont si déconcertantes pour nous.
Par ailleurs, les jeunes d’aujourd’hui grandissent dans un monde très différent de celui que nous avons connu au même âge : omniprésence des écrans et réseaux sociaux, crise écologique, menace terroriste, précarité de l’emploi… Autant de facteurs qui peuvent générer stress, anxiété et perte de repères.
Pour mieux comprendre leur réalité et adapter notre accompagnement, quelques pistes :
- S’intéresser à leur univers, leurs passions, leur façon de communiquer
- Accepter qu’ils aient des aspirations et un rapport au travail qui nous déstabilisent parfois
- Prendre conscience de la pression sociale et familiale qui peut peser sur eux pour leur orientation
- Valoriser leurs engagements, qu’ils soient associatifs, artistiques, sportifs…
- Les aider à trouver du sens et développer leur esprit critique face aux injonctions contradictoires de la société
Ainsi, au delà de la gestion des situations de mal-être, il est fondamental d’instaurer avec les jeunes adultes un dialogue confiant et bienveillant sur le long terme. Cela passe par une posture d’ouverture, de non-jugement et de compréhension de leurs spécificités.
Favoriser le développement de leurs compétences psychosociales
Comme le souligne Jasmine Sirois, conseillère d’orientation, il est essentiel d’aider nos jeunes à acquérir très tôt des compétences de vie qui leur permettront de faire face aux défis du quotidien. On parle ici de compétences psychosociales comme savoir communiquer, gérer son stress et ses émotions, s’affirmer, résister à la pression des pairs, résoudre des problèmes…
Quelques idées pour accompagner ce développement :
- Être nous-mêmes des modèles positifs en termes de gestion du stress et des conflits
- Encourager l’expression des ressentis, accueillir les émotions sans jugement
- Valoriser les réussites et dédramatiser les échecs pour renforcer l’estime de soi
- Aider à identifier et relativiser les pensées négatives
- Soutenir l’engagement dans des activités sources d’épanouissement et de lien social
En donnant aux jeunes les clés pour analyser les situations, s’adapter avec souplesse et rebondir face aux difficultés, on pose des bases solides pour leur équilibre psychologique. Bien sûr, il ne s’agit pas de les surprotéger de toute adversité, mais de les outiller au mieux pour traverser les tempêtes inhérentes à l’existence.
Conclusion
Aider un jeune adulte en souffrance psychique est un chemin semé d’embuches, qui exige de la sensibilité, de la créativité et beaucoup d’amour. Cela nous renvoie souvent à nos propres fragilités et limites. Mais quel que soit le résultat de nos efforts, l’essentiel est de continuer à tendre la main, à manifester notre présence bienveillante.
N’oublions pas non plus de prendre soin de nous dans cette période éprouvante. Nous avons le droit de ne pas être parfaits, de demander de l’aide, de passer le relais quand c’est nécessaire. C’est en étant nous-mêmes suffisamment solides et sereins que nous serons les plus à même d’épauler nos proches fragilisés.
Pour conclure, je reprendrai cette belle citation d’Antoine de Saint-Exupéry : Pour ce qui est de l’avenir, il ne s’agit pas de le prévoir mais de le rendre possible.
En cheminant pas à pas aux côtés des jeunes générations, en croyant en leurs ressources malgré les difficultés, nous les aidons à se construire un avenir porteur de sens. Un défi exigeant et passionnant !
2 commentaires
Bonjour
Aidez moi je suis la grand mère d’une adolescente de 21 ans qui fait rien de sa vie en échec scolaire des propos sombres
Ont c’est pas comment faire pour l’aider
Merci
bonjour j’aimerais trouver de l’aide sur Namur pour un jeune qui est en difficulté qui ne trouve pas de sens à sa vie et qui ne sait pas quoi faire de son avenir je ne sais pas qui contacter