Aujourd’hui, je souhaite partager avec vous mon expérience et mes réflexions sur un sujet qui me tient particulièrement à cœur : l’hypersensibilité chez l’adulte. J’ai à cœur d’apporter des informations clés pour mieux comprendre ce trait de personnalité et savoir comment aider au mieux un adulte hypersensible.
L’hypersensibilité concerne environ 30% de la population, soit près d’un français sur trois. Pourtant, ce sujet reste encore méconnu et source d’idées reçues. À travers cet article, je vous invite à changer de regard sur l’hypersensibilité et à découvrir à quel point c’est une richesse, bien loin d’être une faiblesse ou une maladie comme on peut parfois le penser à tort.
Qu’est-ce que l’hypersensibilité ?
L’hypersensibilité, également appelée haute sensibilité, est un trait de personnalité inné qui se caractérise par une sensibilité accrue aux stimuli internes et externes. Les personnes hypersensibles traitent les informations sensorielles, émotionnelles et cognitives de manière plus profonde et intense que la moyenne.
Concrètement, cela signifie que les hypersensibles :
- Ont des sens très développés (vue, ouïe, odorat, goût, toucher)
- Sont très réceptifs aux ambiances, aux émotions des autres
- Éprouvent les émotions avec une grande intensité
- Ont un grand sens du détail et de l’observation
- Ont une vie intérieure riche, réfléchissent beaucoup
- Ont une grande imagination et créativité
- Ont besoin de calme, de nature, de temps seuls pour décompresser
L’hypersensibilité impacte donc la façon dont la personne perçoit et vit les choses, que ce soit au niveau sensoriel, émotionnel ou cognitif. C’est un fonctionnement global différent.
Avant d’aller plus loin, il est important de souligner que l’hypersensibilité n’est pas une pathologie ni un trouble. C’est un trait de personnalité, au même titre que l’introversion ou l’extraversion par exemple. Un hypersensible n’est pas plus « fragile » qu’une autre personne. C’est juste une autre façon de fonctionner, ni meilleure ni moins bonne.
Comment reconnaître l’hypersensibilité ?
Il n’existe pas de « test » scientifique pour diagnostiquer l’hypersensibilité. Néanmoins, certains signes permettent de la reconnaître :
- Vous êtes souvent submergé par vos émotions
- Vous captez facilement les non-dits, les ambiances
- Vous avez besoin de vous isoler quand il y a trop de stimulations
- Vous faites très attention aux détails
- Vous avez tendance à beaucoup analyser et anticiper
- Vous vous sentez souvent en décalage, différent des autres
- Les changements et imprévus vous perturbent
- La violence, l’injustice vous touchent profondément
- Vous avez une grande empathie
- Vous ressentez physiquement vos émotions (boule au ventre, gorge serrée…)
Si vous vous reconnaissez dans plusieurs de ces caractéristiques, il est fort probable que vous soyez hypersensible. Vous pouvez aussi faire le test de l’Observatoire de la sensibilité pour en avoir le cœur net.
Gardez à l’esprit qu’il existe une grande diversité dans la façon dont l’hypersensibilité s’exprime d’une personne à l’autre. Certaines personnes seront plus sensibles au niveau visuel, d’autres au niveau auditif, etc. De même, l’intensité peut varier. Il n’y a pas un mais des profils d’hypersensibles.
Que se passe-t-il dans le cerveau d’un hypersensible ?
Les recherches scientifiques ont montré que le cerveau des personnes hypersensibles fonctionne différemment. Plusieurs spécificités ont été mises en évidence.
Tout d’abord, les zones cérébrales dédiées au traitement sensoriel et émotionnel sont hyperactives. Le cerveau hypersensible réagit plus vite et plus intensément aux stimuli. Il perçoit donc plus d’informations, même infimes, qu’il va ensuite analyser dans les moindres détails.
Les hypersensibles ont aussi un réseau neuronal plus dense, avec davantage de connections entre les différentes zones. C’est ce qui leur permet ce traitement approfondi des données. Mais cela peut aussi conduire à une surcharge cognitive et une fatigue plus rapide.
Autre point important : les hypersensibles ont une activité élevée du système limbique, la partie responsable des émotions, notamment au niveau de l’amygdale cérébrale. Cela explique pourquoi les émotions sont vécues avec tant d’intensité.
Enfin, le système nerveux autonome des hypersensibles a un seuil de réactivité plus bas. Il va donc s’activer pour un niveau de stress ou de stimulation plus faible que la moyenne. Cela peut se manifester par une accélération du rythme cardiaque, des sueurs, une sensation d’oppression…
Ces particularités neurobiologiques font que les adultes hypersensibles perçoivent, ressentent et réfléchissent à un niveau décuplé. Leur fonctionnement cérébral et émotionnel est en quelque sorte en « haute définition » !
Une flore intestinale différente chez les hypersensibles
Il est établi que notre microbiote joue un rôle clé dans notre santé, en participant à de nombreuses fonctions de l’organisme comme la digestion, l’immunité ou même la fabrication de neurotransmetteurs. C’est notre « deuxième cerveau ».
Des études ont montré que la composition de la flore intestinale des personnes hypersensibles présentait des différences. Leur microbiote contient notamment davantage de certains germes en lien avec le stress et les troubles de l’humeur.
Ces découvertes ouvrent des perspectives intéressantes sur le lien entre intestin et hypersensibilité. Un microbiote déséquilibré ou altéré pourrait ainsi favoriser l’apparition de symptômes d’hypersensibilité. À l’inverse, adopter une alimentation favorable au microbiote pourrait être une piste pour mieux vivre son hypersensibilité au quotidien.
Si vous êtes hypersensible, je vous encourage donc à prendre particulièrement soin de votre flore intestinale, en limitant le sucre, l’alcool, les aliments ultra-transformés et en consommant des fruits, légumes et aliments fermentés. Votre cerveau vous dira merci !
Une base génétique à l’hypersensibilité
L’origine de l’hypersensibilité est encore mystérieuse mais il semble y avoir une composante génétique non négligeable. Ainsi, il est fréquent de retrouver plusieurs hypersensibles au sein d’une même famille.
Des chercheurs ont identifié plusieurs variations génétiques associées à l’hypersensibilité, notamment au niveau des gènes impliqués dans le transport et l’utilisation de la sérotonine, un neurotransmetteur essentiel à la régulation de l’humeur.
D’autres facteurs comme le vécu intra-utérin et le contexte de vie pendant l’enfance pourraient également jouer un rôle dans l’expression de ce trait. Par exemple, un enfant hypersensible qui grandit dans un environnement bienveillant et stimulant aura probablement plus de facilités à s’épanouir qu’un autre évoluant dans un milieu inadapté.
Quoiqu’il en soit, on ne devient pas hypersensible, on naît ainsi. On peut juste apprendre à mieux comprendre et apprivoiser ce fonctionnement au fil du temps. C’est tout l’enjeu, nous allons en reparler !
Les défis de l’hypersensibilité au quotidien
L’hypersensibilité colore le quotidien d’une façon bien particulière. Derrière la façade, les adultes hypersensibles sont confrontés à de nombreux défis, parfois invisibles pour leur entourage. Voici les principaux.
La gestion du stress et des émotions intenses
Le stress est probablement l’ennemi numéro 1 des hypersensibles. Leur seuil de tolérance étant plus bas, ils peuvent vite se sentir envahis et submergés par les situations de tension. Au travail, dans les transports, lors de conflits… Les occasions sont nombreuses !
Leur réactivité émotionnelle est également une source de défis. Quand les émotions sont très intenses, elles peuvent devenir difficiles à contenir et déborder au mauvais moment. Impossible de les contrôler ou de faire « comme si de rien n’était ». Le corps parle et manifeste ce qui est ressenti de façon parfois spectaculaire (larmes, tremblements, palpitations…).
Si cette authenticité émotionnelle est une richesse, elle est souvent mal comprise par l’entourage qui peut y voir une forme d’immaturité ou de fragilité. Pourtant, c’est tout le contraire ! Les hypersensibles ont une grande lucidité sur leurs émotions. Ils ont juste besoin d’aide pour apprendre à les réguler en douceur.
La fatigue liée à l’hyperstimulation
Les journées dans notre monde moderne sont une véritable course d’endurance pour les hypersensibles. Le bruit dans les open-spaces, la foule dans le métro, les néons aveuglants des supermarchés, les sollicitations de notifications en continu… Tout cela crée un inconfort sensoriel permanent qui use les batteries nerveuses à vitesse grand V.
Conséquence directe : une grande fatigabilité, non pas par faiblesse mais par hyperstimulation. Il est vital pour les hypersensibles de s’octroyer des pauses, de ralentir, de passer des moments dans le calme et la nature pour se ressourcer. Mais dans une société qui valorise la performance, difficile parfois de lever le pied sans passer pour un flemmard !
Cette fatigue peut aussi s’accompagner de troubles du sommeil, de troubles digestifs, de douleurs diverses, d’une baisse d’immunité… Le corps des hypersensibles a tendance à somatiser fortement le stress et les émotions. D’où l’importance d’être à l’écoute de ses signaux pour adapter son rythme et son mode de vie.
Les relations et l’adaptation sociale
Autre défi et non des moindres : les relations sociales. Les hypersensibles ont souvent l’impression d’être en décalage avec le monde qui les entoure. Leurs réactions émotionnelles atypiques, leur grand besoin de sens et d’authenticité, leur sens de l’observation et de l’analyse hors norme font qu’ils ont du mal à rentrer dans le moule social. Ils se sentent souvent incompris, seuls, voire rejetés.
Leur immense sensibilité peut aussi être compliquée à gérer dans leurs relations proches. Dire non, poser des limites, exprimer ses besoins sans avoir peur de blesser l’autre… Tout cela ne coule pas de source quand on est une éponge à émotions !
Ajoutons à cela une tendance à se remettre beaucoup en question, à craindre le jugement, à manquer de confiance en soi… et on obtient un cocktail relationnel bien compliqué à gérer au quotidien. Fort heureusement, nous verrons plus tard que des clés existent pour relever ce challenge haut la main !