Ce mal-être, qui touche de plus en plus de jeunes, est une véritable souffrance au quotidien. Les crises d’angoisse, l’isolement social, les difficultés scolaires sont autant de symptômes qui peuvent dramatiquement impacter le développement et l’épanouissement d’un ado.
Face à ce fléau, il est crucial d’agir rapidement et d’apporter un soutien adapté à ces jeunes en souffrance. Au fil de mes années d’expérience et de recherches sur le sujet, j’ai pu identifier des pistes concrètes pour accompagner au mieux un adolescent anxieux. Des solutions existent pour l’aider à surmonter ses peurs et retrouver confiance en lui. Voici mes conseils pour épauler votre ado dans cette épreuve.
Comprendre l’anxiété à l’adolescence
Avant toute chose, il est important de bien cerner ce trouble pour pouvoir le combattre efficacement. L’anxiété est une émotion naturelle et saine, qui nous permet de réagir face à un danger ou une situation stressante. Elle devient problématique quand elle est excessive, irrationnelle et handicapante au quotidien.
À l’adolescence, période charnière de bouleversements physiques et psychologiques, l’anxiété peut surgir ou s’intensifier. Les ados anxieux ressentent des peurs démesurées et incontrôlables, qui perturbent leur vie sociale, familiale et scolaire. Ils redoutent par exemple :
- Le regard et le jugement des autres
- Les situations nouvelles et inconnues
- L’échec scolaire et la pression de la réussite
- Les changements et l’avenir incertain
Cette anxiété se manifeste par divers symptômes : crises de panique, troubles du sommeil et de l’appétit, maux physiques (maux de ventre, de tête…), repli sur soi, irritabilité, difficultés de concentration… Autant de signaux d’alerte qui doivent interpeller l’entourage.
Il faut savoir distinguer l’anxiété normale et passagère (comme le trac avant un examen) d’un véritable trouble anxieux. Si les symptômes persistent plus d’un mois et altèrent significativement le quotidien de l’ado, il est important de consulter un professionnel.
Les causes multiples de l’anxiété
L’anxiété à l’adolescence peut avoir de multiples origines, qui interagissent souvent entre elles. En voici les principales :
La génétique et la personnalité
Certains adolescents ont une prédisposition génétique et un tempérament plus anxieux, hypersensible. Ils ont tendance à anticiper le pire, à ruminer, à manquer de confiance en eux. Cette fragilité les rend plus vulnérables au stress et à l’anxiété.
L’environnement familial et social
Le contexte dans lequel évolue l’adolescent joue un rôle clé. Des parents eux-mêmes anxieux, une éducation surprotectrice ou au contraire trop laxiste, des conflits familiaux, des événements de vie difficiles (deuil, divorce, déménagement…) sont autant de facteurs de risque.
La pression sociale, la compétition, le harcèlement scolaire peuvent aussi considérablement fragiliser les ados. Ils se sentent en permanence jugés, évalués, mis en concurrence. Cela génère un stress intense et une peur viscérale de décevoir, d’être rejeté.
Les écrans et réseaux sociaux
Les ados d’aujourd’hui sont constamment connectés et exposés, via les réseaux sociaux, à une image de perfection inatteignable. Cette dictature des likes et de la popularité virtuelle exacerbe leur mal-être et leur quête d’approbation.
De plus, la surconsommation d’écrans perturbe leur sommeil et les coupe de vraies relations. Or le manque de sommeil et d’interactions sociales directes est un facteur aggravant de l’anxiété.
Les bouleversements de l’adolescence
La puberté, avec ses transformations physiques et hormonales, est une période déstabilisante. L’ado doit s’habituer à ce nouveau corps qui lui échappe. Il doit aussi affirmer son identité, prendre son indépendance, faire des choix d’orientation. Autant de défis générateurs d’angoisse.
Signes d’alerte: comment repérer l’anxiété ?
Il n’est pas toujours facile de détecter un trouble anxieux chez un adolescent. Certains cachent leur mal-être par honte ou par peur de déranger. D’autres l’expriment de façon détournée, par de la colère ou un désintérêt soudain pour leurs activités favorites.
Voici des signes qui doivent vous alerter :
Les symptômes physiques
- Maux de ventre, nausées, douleurs inexpliquées
- Maux de tête fréquents
- Troubles du sommeil : insomnies, réveils nocturnes, cauchemars
- Troubles de l’appétit : perte d’appétit ou au contraire crises de boulimie
- Sensations d’étouffement, de vertiges, palpitations cardiaques
Les symptômes psychologiques
- Irritabilité, crises de colère, sautes d’humeur
- Inquiétude permanente, scénarios catastrophes
- Attitude de fuite et d’évitement (refus d’aller à l’école, de voir des amis…)
- Repli sur soi, isolement, perte d’intérêt pour ses passions
- Difficultés de concentration et chute des résultats scolaires
Si ces troubles persistent et s’aggravent, au point de gâcher le quotidien de votre ado, il est temps de consulter un pédiatre ou un psy pour adolescent. Un bilan permettra de poser un diagnostic et d’envisager les solutions appropriées.
N’attendez pas que la souffrance de votre enfant devienne intenable. Agissez dès les premiers signes pour éviter que l’anxiété ne s’installe durablement et n’aggrave d’autres problèmes (échec scolaire, dépression, scarifications, addictions…).
Comment soutenir un ado anxieux au quotidien ?
En tant que parent ou proche d’un adolescent souffrant d’anxiété, vous avez un rôle crucial à jouer dans son apaisement et sa guérison. Voici des conseils concrets à appliquer au quotidien :
Montrez-vous à l’écoute, sans jugement
La première chose à faire est d’ouvrir le dialogue avec votre ado. Montrez-lui que vous êtes là, disponible et à l’écoute de ses tourments. Encouragez-le à mettre des mots sur ce qu’il ressent, sans chercher à minimiser ou censurer ses émotions.
Évitez les phrases du type : « Mais non, c’est rien, t’inquiète pas ! », « Arrête, il y a bien pire dans la vie ! », « Reprends-toi un peu ! ». Ce type de réactions, même avec de bonnes intentions, peut braquer votre adolescent et le pousser à se replier davantage.
Préférez des phrases comme : « Je vois que tu ne vas pas bien en ce moment, tu veux m’en parler ? », « Je suis là si tu as besoin, n’hésite pas », « Je sais que ce que tu vis est difficile ». Votre ado a besoin de se sentir compris et épaulé, sans craindre votre jugement.
L’essentiel n’est pas forcément qu’il se confie, mais qu’il sache qu’il peut compter sur vous s’il en a envie. Adoptez une attitude rassurante et bienveillante, en lui signifiant que ses émotions sont normales et qu’ensemble, vous trouverez des solutions.
Valorisez-le et renforcez sa confiance en lui
Un adolescent anxieux a une très mauvaise image de lui-même. Il doute constamment de ses capacités, anticipe l’échec et le rejet. Il a besoin d’être rassuré et valorisé pour reprendre confiance.
Mettez en avant ses qualités et ses réussites, même les plus petites. Dites-lui que vous êtes fier de lui, que vous croyez en son potentiel. Félicitez-le pour ses efforts et ses progrès plutôt que pour ses résultats.
Par exemple, s’il revient stressé d’un oral passé en classe mais qu’il a réussi à le faire jusqu’au bout malgré sa peur, dites-lui : « Bravo, tu as été fort et courageux d’affronter cette épreuve ! » plutôt que « Tu vois, ce n’était pas si terrible ! La prochaine fois, ça ira encore mieux ». Il a surtout besoin qu’on reconnaisse ce qui a été difficile pour lui.
Évitez les critiques et les comparaisons avec les autres. Votre ado se sent déjà suffisamment nul et inférieur. Inutile d’en rajouter en pointant ses défauts ou en prenant pour exemple un élève ou un cousin « si brillant ». Cela ne ferait que renforcer son complexe d’infériorité.
Aidez-le à relativiser ses erreurs, en lui expliquant que l’échec fait partie de l’apprentissage. Personne ne réussit tout du premier coup ! En transformant ses faux pas en leçons plutôt qu’en preuves d’incapacité, vous l’aiderez à développer une meilleure résilience.
Aidez-le à apprivoiser ses peurs par l’action
Une des caractéristiques de l’anxiété est d’alimenter un cercle vicieux. Plus on a peur de quelque chose, plus on l’évite. Et plus on l’évite, plus cela renforce nos craintes et notre sentiment d’incapacité à y faire face. Pour briser ce cercle, il faut réapprendre à affronter ses angoisses, par petites touches.
Aidez votre ado à identifier les situations qui le paniquent et à les « désensibiliser » progressivement. Par exemple, s’il redoute de poser une question en classe, proposez-lui de commencer par préparer sa question à l’avance, puis de la poser à un professeur bienveillant en tête-à-tête. Une fois ce premier pas franchi, il pourra passer à l’étape suivante : interroger ce professeur devant une poignée d’élèves, puis devant toute la classe.
L’idée est de décomposer ses défis en sous-étapes accessibles, pour lui permettre de reprendre confiance. Chaque victoire, même minime, l’incitera à poursuivre ses efforts. N’hésitez pas à le guider au départ, en répétant avec lui ou en l’accompagnant dans certaines situations. Puis laissez-le voler de ses propres ailes, en le félicitant pour son courage.
Des jeux de rôle et mises en situation à la maison peuvent aussi l’aider à apprivoiser certaines phobies sociales. En rejouant une scène appréhendée (prise de parole, interaction avec un camarade…), il pourra la dédramatiser et s’y préparer plus sereinement.
Pratiquez des activités apaisantes ensemble
Pour contrer le stress, rien de tel que des moments partagés dans une ambiance détendue et bienveillante. Selon les goûts de votre ado, vous pouvez par exemple :
- Écouter de la musique relaxante, comme du jazz, de la musique classique, des sons de la nature…
- Vous balader dans un parc ou en forêt, en pratiquant la marche consciente
- Jardiner, cuisiner ou créer ensemble (peinture, bricolage, poterie…)
- Jouer à des jeux de société coopératifs et amusants en famille
- Partager un moment de détente: yoga, méditation, respiration, massage…
L’objectif est de lui changer les idées et de lui permettre de relâcher la pression dans un cadre sécurisant. Un adolescent anxieux a tendance à se couper des autres et à ruminer dans sa chambre. En lui proposant des activités où il prend plaisir avec ses proches, vous l’aiderez à se reconnecter positivement aux autres et à lui-même.