Les sociétés civiles immobilières (SCI) sont de plus en plus utilisées en France pour gérer un patrimoine immobilier. Mais savez-vous vraiment comment fonctionnent ces structures ? Quels sont leurs avantages et leurs inconvénients ? Comment en créer une et assurer sa bonne gestion ?
Nous allons tout vous expliquer !
Qu’est-ce qu’une SCI ? Définition
Une société civile immobilière (SCI) est une société permettant à au moins deux personnes (appelées associés) de détenir ensemble un ou plusieurs biens immobiliers.
La SCI est dotée de la personnalité morale : elle peut donc acquérir des biens, contracter des emprunts ou ester en justice. Elle est gérée par un ou plusieurs gérants, désignés par les associés dans les statuts ou par décision collective.
Chaque associé détient des parts sociales de la SCI, proportionnelles à son apport. Ces parts représentent ses droits de propriété sur le ou les biens immobiliers détenus par la société.
Les différences entre une SCI et l’indivision
Il existe une autre façon de détenir un bien immobilier à plusieurs : l’indivision. Contrairement à la SCI, l’indivision ne constitue pas une personne morale distincte.
Sous le régime de l’indivision, chaque propriétaire (indivisaire) détient certes une quote-part du bien, mais ses droits de propriété s’étendent à la totalité du bien. Il peut donc en jouir librement et en céder sa part quand il le souhaite, sans l’accord des autres indivisaires.
A l’inverse, au sein d’une SCI, les droits de chaque associé sont limités à ses parts sociales. Pour jouir du bien ou céder ses parts, il doit obtenir l’accord de la société, généralement à la majorité des associés.
La SCI offre donc une meilleure protection du patrimoine grâce à son statut juridique propre.
Les avantages d’une SCI
La constitution d’une SCI présente de nombreux avantages :
- Investir à plusieurs : la SCI permet de mutualiser les frais (notaire, travaux…) et les risques liés à un investissement immobilier.
- Protection du patrimoine : les dettes de la SCI n’engagent pas le patrimoine personnel des associés.
- Gestion facilitée : les décisions se prennent en général à la majorité, selon des règles prédéfinies dans les statuts.
- Transmission aisée : les parts sociales sont facilement cessibles entre associés ou à leurs héritiers.
- Fiscalité avantageuse : abattements importants sur les droits de donation et de succession.
Une SCI est donc tout indiquée pour gérer un patrimoine familial sur le long terme, ou investir dans l’immobilier à plusieurs en limitant les risques de conflits ultérieurs.
Exemple
Pierre et Marie sont mariés. Ils achètent un appartement de rapport à louer, d’une valeur de 300 000€. Au lieu d’en être propriétaires indivis à 50/50, ils décident de le mettre dans une SCI familiale. Pierre et Marie sont tous deux associés de la SCI et y effectuent un apport de 150 000€ (la moitié chacun de la valeur du bien).
Grâce à la SCI, si l’appartement subit des dégradations, ils en supporteront ensemble les frais de remise en état. S’ils décident de revendre, la gestion de la vente sera facilitée. Et s’ils ont des enfants, la transmission du bien immobilier se fera beaucoup plus simplement !
Les inconvénients d’une SCI
Malgré ses nombreux avantages, la SCI présente aussi certains inconvénients :
- Des frais de constitution (statuts, publicité…) et de gestion (comptabilité…)
- Des obligations déclaratives et comptables
- Une fiscalité moins avantageuse sur les revenus si l’impôt sur les sociétés s’applique
- Des contraintes en cas de cession des parts : nécessité d’un acte notarié, accord des associés…
Il est donc crucial d’étudier au préalable l’adéquation de ce statut avec vos besoins. Par exemple, la SCI ne présente généralement un intérêt que si vous détenez le bien immobilier sur le très long terme.
Comment créer une SCI ?
La création d’une SCI implique certaines démarches légales :
- Réunir au moins deux associés et rédiger les statuts de la société
- Déterminer et libérer le capital social (apports des associés)
- Publier un avis de constitution dans un journal d’annonces légales
- Effectuer une demande d’immatriculation au registre du commerce et des sociétés (RCS)
Vous pouvez effectuer ces formalités vous-même ou faire appel à un professionnel (avocat, notaire…), moyennant des frais supplémentaires.
Une fois votre SCI immatriculée, pensez à ouvrir un compte bancaire au nom de la société et à souscrire une assurance adéquate avant d’acquérir des biens immobiliers.
Bon à savoir
- Deux conjoints peuvent créer une SCI à deux.
- Pour faciliter les démarches, optez pour un capital fixe plutôt que variable.
- Si des biens immobiliers sont apportés lors de la création, un acte notarié est obligatoire.
Le capital social d’une SCI
Contrairement aux sociétés commerciales, il n’existe pas de minimum légal pour le capital social d’une SCI. Les associés sont libres de déterminer son montant initial.
En pratique, il est toutefois conseillé de fixer un capital social conséquent, portant au minimum sur la totalité de la valeur du ou des biens immobiliers apportés. Cela permet :
- D’éviter que les associés aient à se porter personnellement garants des dettes contractées par la SCI
- De rassurer les établissements bancaires sur la capacité de remboursement de la société, si cette dernière sollicite un prêt
Le capital social est divisé en parts sociales, matérialisant les droits de vote et les droits sur les bénéfices revenant à chaque associé. Contrairement aux sociétés commerciales, les parts de SCI sont incessibles : leur cession requiert l’accord d’une majorité des associés.
Bon à savoir
- Plus le capital social est élevé, plus la société bénéficie de crédibilité.
- Pour modifier le capital social, mieux vaut opter pour la variabilité dans les statuts de la SCI.
La gestion d’une SCI
La gestion d’une société civile immobilière implique certaines obligations :
- Tenir une comptabilité
- Organiser une assemblée générale annuelle des associés
- Établir des déclarations fiscales
Par ailleurs, au quotidien, le ou les gérants doivent administrer les biens de la SCI : missions de gestion locative si les biens sont loués, organisation de travaux d’entretien et de mise aux normes…
Si la SCI compte de nombreux associés ou plusieurs biens de nature différente, mieux vaut déléguer tout ou partie de ces tâches de gestion à un syndic de copropriété ou à une agence immobilière.
Bonnes pratiques
- Archiver soigneusement tous les documents liés à la gestion de la SCI
- Informer régulièrement les associés de la situation financière et des projets en cours
- En cas d’emprunt, prévoir une garantie solidaire des associés pour rassurer la banque
La fiscalité des SCI
Sur le plan fiscal, les sociétés civiles immobilières peuvent relever de deux régimes :
- L’impôt sur le revenu, pour les revenus fonciers issus de la location des biens
- L’impôt sur les sociétés, si la SCI exerce une activité commerciale
Dans le premier cas, plus fréquent, les revenus sont imposés au niveau de chaque associé, au prorata des parts détenues.
La constitution d’une SCI présente alors des avantages fiscaux importants :
- Les frais et charges sont déductibles des revenus
- Lors des donations et successions, des abattements conséquents sont applicables sur les droits à payer
Bon à savoir
- Les dispositifs fiscaux liés aux monuments historiques et dispositifs de défiscalisation en Outre-mer sont transposables aux SCI.
- La location meublée relève quasiment toujours de l’impôt sur les sociétés.
La transmission d’une SCI
L’une des principales raisons de constituer une SCI est de faciliter la transmission d’un patrimoine immobilier, en bénéficiant d’exonérations fiscales.
Au sein d’une SCI, ce sont les parts sociales, et non directement les biens, qui font l’objet d’une cession ou d’une transmission. Or, la cession de parts de SCI bénéficie d’abattements fiscaux très avantageux :
- 100 000 € par parent pour la donation aux enfants, tous les 15 ans
- 100 000 € par enfant pour la succession en ligne directe
Par ailleurs, les statuts de la SCI peuvent prévoir des clauses facilitant la transmission du vivant des associés ou à leur décès, telles qu’un droit de préemption ou une valorisation prédéfinie des parts.
Conseils
- Pensez à souscrire une assurance-vie pour couvrir le risque de décès prématuré d’un associé unique
- En cas de conflits familiaux, n’hésitez pas à proposer le rachat des parts du ou des héritiers concernés
En résumé
Les SCI offrent de nombreux avantages pour détenir et transmettre un patrimoine immobilier, en famille ou entre investisseurs. Mais elles impliquent aussi des contraintes de gestion.
Avant de vous lancer, interrogez-vous donc sur vos objectifs à long terme et prenez bien connaissance de toutes les règles régissant le statut de SCI et ses implications fiscales.
N’hésitez pas à vous rapprocher de professionnels (notaires, avocats fiscalistes…) pour vous accompagner !