Le suicide est un sujet délicat et complexe qui touche malheureusement de nombreuses personnes. Si vous connaissez quelqu’un qui traverse une période difficile et semble avoir des pensées suicidaires, il est crucial d’agir et de lui apporter votre soutien. Bien que cette situation puisse être effrayante et déstabilisante, vous pouvez faire une réelle différence dans la vie de cette personne en étant présent, à l’écoute et en l’aidant à trouver l’aide dont elle a besoin.
Dans cet article, nous allons aborder en détail les différentes façons d’aider une personne suicidaire, en nous appuyant sur les conseils de professionnels et le vécu de personnes ayant surmonté des pensées suicidaires. Nous verrons comment reconnaître les signes avant-coureurs, entamer un dialogue, évaluer le risque, apporter un soutien émotionnel et orienter vers des ressources adaptées.
1. Reconnaître les signes d’alerte
La première étape pour aider une personne suicidaire est d’être attentif aux signes avant-coureurs. Bien que chaque individu soit unique, il existe souvent des changements de comportement et d’humeur qui peuvent indiquer une détresse psychologique et un risque suicidaire accru.
Parmi les signes à surveiller, on peut citer :
- Un repli sur soi, un isolement social
- Une perte d’intérêt pour les activités habituellement appréciées
- Des changements dans les habitudes de sommeil ou d’alimentation
- Une irritabilité, une humeur sombre ou des sautes d’humeur
- Une consommation accrue d’alcool ou de drogues
- Des propos exprimant un sentiment de désespoir, d’inutilité ou de culpabilité
- Des phrases comme « Je suis fatigué de la vie », « Ma famille serait mieux sans moi », « Bientôt vous n’aurez plus à vous soucier de moi »
- Un intérêt soudain pour la mort ou des moyens de se suicider
- Des comportements à risque ou autodestructeurs
Il est important de noter que la présence de ces signes ne signifie pas nécessairement que la personne va passer à l’acte, mais ils doivent être pris au sérieux et amener à engager le dialogue.
2. Tendre la main et entamer la conversation
Face à une personne en souffrance, il peut être tentant de rester en retrait par peur de mal faire ou de ne pas trouver les bons mots. Pourtant, le simple fait de montrer votre présence et votre préoccupation peut déjà avoir un impact positif. N’ayez pas peur d’aller vers la personne et d’entamer la conversation, même si cela vous semble difficile.
Voici quelques conseils pour aborder le sujet :
- Choisissez un moment et un lieu propices à la discussion, où vous serez au calme et sans interruption.
- Exprimez vos inquiétudes de manière bienveillante et sans jugement. Vous pouvez dire des choses comme « Je vois que tu traverses une période difficile en ce moment, je suis là si tu as besoin de parler » ou « J’ai remarqué que tu semblais triste ces derniers temps, est-ce que ça va ? ».
- Posez des questions ouvertes pour encourager la personne à se confier, comme « Comment te sens-tu vraiment ? » ou « Qu’est-ce qui te tracasse en ce moment ? ».
- Écoutez attentivement, sans chercher à minimiser la souffrance ou à donner des conseils hâtifs. Montrez que vous êtes présent et que vous accueillez les émotions exprimées.
- N’hésitez pas à demander directement « As-tu pensé au suicide ? ». Contrairement à une idée reçue, parler ouvertement du suicide ne risque pas de mettre cette idée en tête mais permet au contraire de briser un tabou et d’ouvrir le dialogue.
L’essentiel est de faire sentir à la personne qu’elle n’est pas seule, que vous êtes là pour elle sans la juger. Évitez les phrases du type « Ressaisis-toi » ou « Tu as pourtant tout pour être heureux » qui risquent de renforcer un sentiment de culpabilité ou d’incompréhension.
3. Évaluer le risque suicidaire
Si la personne vous confie avoir des pensées suicidaires, il est important d’évaluer le niveau de risque afin d’adapter votre réponse. Cela ne signifie pas nécessairement qu’il y a un danger immédiat, la majorité des personnes ayant des idées suicidaires ne passent pas à l’acte, mais cette évaluation va vous permettre de savoir s’il faut mettre en place des mesures d’urgence ou un suivi à plus long terme.
Vous pouvez poser les questions suivantes :
- As-tu déjà élaboré un scénario ou un plan précis pour te suicider ?
- As-tu déjà fait une tentative de suicide par le passé ?
- As-tu les moyens de mettre fin à tes jours à portée de main ? (médicaments, arme, etc.)
- Penses-tu passer à l’acte prochainement ? Est-ce que tu as fixé une date ?
D’autres facteurs de risque sont à prendre en compte :
- Des antécédents de tentatives de suicide ou de passages à l’acte dans l’entourage
- Une consommation importante d’alcool ou de drogues
- Un isolement social marqué
- Des événements de vie difficiles (deuil, rupture, perte d’emploi, etc.)
- Des antécédents de violence ou d’abus
- La présence d’une maladie psychiatrique (dépression, trouble bipolaire, etc.)
Si la personne présente plusieurs de ces facteurs et semble avoir un scénario suicidaire établi, le risque est élevé et il faut agir rapidement. S’il n’y a pas de danger vital immédiat, vous pouvez mettre en place un accompagnement de proximité et inciter la personne à consulter un professionnel.
4. Apporter un soutien émotionnel et pratique
Que le risque soit élevé ou modéré, votre soutien sera précieux pour aider la personne à traverser cette période de crise. Votre rôle n’est pas de « sauver » la personne ou de résoudre ses problèmes, mais simplement d’être présent, à l’écoute et de l’épauler dans ses démarches.
Quelques conseils :
- Maintenez un lien régulier, que ce soit par des visites, des appels ou des messages. Montrez que vous êtes disponible.
- Encouragez la personne à exprimer ses émotions et ses ressentis, sans chercher à les minimiser ou à les rationaliser. Validez sa souffrance.
- Rappelez-lui ses qualités et ses ressources, tout ce qui fait d’elle une personne unique et précieuse. Aidez-la à se reconnecter avec ses valeurs et ses centres d’intérêt.
- Proposez votre aide pour des aspects pratiques du quotidien : courses, ménage, démarches administratives, etc. Cela peut soulager la personne et lui montrer concrètement votre soutien.
- Si elle est d’accord, impliquez d’autres personnes de confiance de son entourage afin qu’elle soit bien entourée. Veillez cependant à respecter la confidentialité de vos échanges.
5. Mettre en place un plan de sécurité
Si la personne présente un risque suicidaire significatif sans pour autant nécessiter une hospitalisation immédiate, vous pouvez l’aider à établir un « plan de sécurité » ou « plan de crise ». Il s’agit d’un outil concret et personnalisé qui va recenser les stratégies et ressources à disposition de la personne pour faire face aux idées suicidaires quand elles surviennent.
Ce plan peut inclure :
- Les signes avant-coureurs d’une crise suicidaire chez cette personne
- Les activités et techniques qui l’apaisent habituellement (respiration, méditation, lecture, musique, etc.)
- Les personnes de confiance à contacter en cas de crise
- Les lieux où se rendre pour être en sécurité
- Les numéros d’urgence et lignes d’écoute à appeler
- Les pensées et croyances qui l’aident à tenir bon
- Un messages d’espoir et de bienveillance qu’elle peut se répéter
L’idée est que la personne puisse se référer à ce plan quand les pensées suicidaires l’envahissent, afin de réguler ses émotions et de passer le cap sans passer à l’acte. Proposez-lui de rédiger ce plan avec elle et d’en garder un exemplaire.
Dans cette optique, il est également important de sécuriser l’environnement de la personne en limitant son accès aux moyens létaux : médicaments, armes, etc. Discutez avec elle pour voir comment mettre ces moyens hors de portée, au moins temporairement.
6. Orienter vers des ressources d’aide et un suivi professionnel
Votre soutien est primordial mais ne peut se substituer à un accompagnement professionnel, surtout si la personne présente des facteurs de risque importants ou un trouble psychique sous-jacent. Incitez-la à consulter un médecin ou un spécialiste (psychiatre, psychologue, etc.) afin de bénéficier de soins adaptés.
Vous pouvez l’aider dans cette démarche parfois difficile :
- Renseignez-vous sur les structures et professionnels compétents dans votre région
- Proposez de prendre le rendez-vous avec elle ou de l’accompagner sur place
- Rassurez-la sur le fait que consulter est une démarche courageuse et positive
- Rappelez-lui que la relation thérapeutique est confidentielle et bienveillante
- Si elle a eu une mauvaise expérience par le passé, dites-lui qu’il est possible de changer de thérapeute jusqu’à trouver la bonne alliance
En parallèle d’un suivi médical, d’autres ressources peuvent être utiles :
- Les associations de prévention du suicide proposent souvent des groupes de parole, des ateliers ou des programmes de soutien
- Certaines activités comme le sport, l’art-thérapie ou la méditation peuvent favoriser le mieux-être
- Les forums et groupes d’entraide en ligne permettent de partager son vécu avec des pairs
- La spiritualité ou les pratiques religieuses peuvent apporter un réconfort existentiel à certaines personnes
L’essentiel est que la personne se sente épaulée et réussisse à puiser dans des ressources positives pour faire face à sa souffrance. Votre accompagnement dans ces démarches sera précieux.
7. Prendre soin de vous
Être auprès d’une personne suicidaire peut être éprouvant sur le plan émotionnel. Il est essentiel de prendre également soin de vous pendant cette période.
Quelques conseils :
- Fixez-vous des limites réalistes dans votre implication, sans culpabilité. Vous ne pouvez pas être disponible 24h/24.
- N’hésitez pas à passer le relais à d’autres personnes de confiance pour partager le soutien. Vous n’avez pas à porter cette responsabilité seul.
- Exprimez vos propres émotions auprès de vos proches ou d’un professionnel. C’est normal d’être affecté par la situation.
- Faites des activités qui vous ressourcent et vous permettent de décompresser : sport, balades, temps avec des amis, loisirs, etc.
- Rappelez-vous que vous faites de votre mieux avec bienveillance, mais que vous n’êtes pas responsable des choix de l’autre. Votre rôle est d’être présent et de l’orienter vers de l’aide, pas de le guérir vous-même.
- Si la situation devient trop lourde à porter, n’hésitez pas à passer le relais à des professionnels.
Prendre soin de vous est indispensable pour pouvoir être présent de manière pérenne auprès de la personne en souffrance. Soyez à l’écoute de vos propres limites.
Conclusion
Être auprès d’une personne suicidaire est une situation délicate qui peut susciter beaucoup d’émotions et de questionnements. En suivant les conseils donnés dans cet article et en faisant appel aux ressources existantes, vous pouvez réellement faire une différence et apporter un soutien précieux à votre proche.